L'Histoire, notamment celle du XXème siècle, m'a toujours passionné alors forcément qu'un film relatant non pas l'histoire, mais un fragment de vie, ainsi qu'une partie psychologique, de Staline, m'intéressait énormément.
Ici, le cadre est assez vite posé et se révèle en plus fort intriguant, avec un château sombre voire effrayant, rappelant ceux des méchants des contes de fées que l'on raconte aux enfants, au cœur d'une forêt géorgienne, terre natale du successeur de Lénine. Pour sa troisième réalisation, Fanny Ardant, passionnée par la Russie, va adapter le livre de Jean-Daniel Baltassat et s'intéresser à la relation entre Staline et sa maîtresse, alors qu'il lui demande de jouer sa psychothérapeute comme ce charlatan de Freud.
Fanny Ardant va notamment s'intéresser à cette femme, qui va être confronté aux pensées et cauchemars du petit père du peuple, ainsi que la venue d'un jeune peintre qui va chambouler ces deux âmes. C'est la peur qu'elle évoque, face à une certaine fragilité qui se cache derrière une solide et lourde carapace, ainsi que des peurs et tragédies passées, ressortant plusieurs années après les faits, notamment via sa femme décédée. Fanny Ardant propose surtout trois tableaux psychologiques assez forts, où des relations troubles vont peu à peu être mises en avant, avec une atmosphère adéquate que l'on ressent tout le long de l'oeuvre.
Le contexte de l'oeuvre est aussi passionnant, renvoyant aux coulisses du régime soviétique à base d'écoute ou de torture psychologique. Fanny Ardent montre aussi la façon dont cela créer une angoisse sourde sur les personnes qui ne sont pas ancrés dans ce système, avec comme point d'orgue les étranges bruits faisant pensés à des tortures que l'on entend à divers moments du film. C'est ce contexte qui permet aussi à l'oeuvre de rester intéressante, cette façon de retranscrire ce régime et la peur provoquée par l'ogre qu'était Staline.
Alors, Le Divan de Staline se montre parfois un peu trop démonstratif, avec un peu trop de thématiques abordées sans être approfondis, mais Fanny Ardent a le mérite de fasciner, et ce tout le long de l'oeuvre. Elle arrive à créer une ambiance prenante et parfois intense, et de sonner juste malgré le poids et la difficulté de s'attaquer à la vie d'un être comme celui-ci. La force du film se trouve aussi dans la direction d'acteurs, avec un Gérard Depardieu remarquable, dont le regard fera toute la différence et livrant une composition d'une justesse rare, alors que face à lui, la belle Emmanuelle Seigner et Paul Hamy offrent une richesse aux personnages interprétés.
Fanny Ardant propose là une oeuvre particulièrement juste et fascinante, évoquant les coulisses d'un régime et surtout un dictateur complexe lors de sa fin de vie, avec des liaisons troubles entretenues avec sa maîtresse jusqu'à l'arrivée d'un jeune peintre, ainsi que l'angoisse, parfois sourde, qu'il provoque...