Mademoiselle Paradis : les secrets du tournage

Mademoiselle Paradis retrace le parcours de Maria Theresia Paradis, une compositrice et pianiste aveugle autrichienne qui a vécu à la fin du XVIIIe siècle-début du XIXe siècle. Si aujourd'hui elle est tombée dans l'oubli (une grande partie de son oeuvre a été perdue), elle connut un grand succès à son époque et voyagea dans toute l'Europe pour donner des concerts. Ses compétences pédagogiques ont abouti à la création d'une école de piano pour aveugles avec Valentin Huy à Paris.

Si Mademoiselle Paradis dépeint la société bourgeoise et aristocratique du "Vienne Rococo", il s'agit pourtant d'une oeuvre très actuelle qui montre un système social basé sur les interdictions et la répression, et des femmes qui tentent d'en venir à bout et de trouver leur propre espace et liberté au sein de ces structures restrictives. La réalisatrice précise que son film "n’est pas une fuite dans l'esthétique du passé, mais une variation sur une question intemporelle et profondément humaine : la tension constante entre subordination et adaptation d'une part, et la détermination, d'autre part, à s'élever au-dessus de l'ordinaire." 

Pour devenir Maria Theresa Paradis, l'actrice Maria Dragus a commencé à se préparer environ neuf mois avant le tournage. Elle a accompagné une femme aveugle dans sa vie quotidienne et a rencontré un certain nombre de personnes aveugles. Elle a également lu beaucoup de documents historiques et scientifiques. La réalisatrice précise : "Lorsque nous avons répété, Maria était capable de donner une dimension physique au rôle au moyen d'exercices corporels, mais aussi grâce à des lunettes spéciales qui reproduisaient la sensation de cécité. En même temps, elle a dû travailler sur l'intonation de l'allemand autrichien, qu'elle a géré sans trop de difficultés, peut-être à cause de sa musicalité. Jouer du piano elle-même représentait un autre défi."