Bonjour ou bonsoir à toutes et à tous ! Vous vous apprêtez à lire la critique d’un amateur sans prétentions aucunes, installez-vous confortablement et bonne lecture.
Jun la voix du cœur est ce que j’appellerais un film qui ne prend pas de risque. Comme vous avez pu le lire dans le synopsis, nous suivons la vie d’une fille du nom de Jun Naruse qui étant petite s’est vu reprocher le divorce de ses parents. Je commencerais par proposer une critique globale de ce film de façon que ceux ne l’ayant pas vu puissent se laisser tenter.
Avant toute méprise, je tiens à ce que les choses soient claires, c’est un bon film. Certes il ne prend aucuns risques, que ce soit dans le scénario, dans la réalisation ou dans la direction artistique, nous avons ici un film qui applique des formules qui ont déjà fait leurs preuves par le passé, en revanche il a le mérite de très bien les appliquer ! Ce qui n’est le cas de tous les films d’animations. Malgré ce manque d’originalité, l’histoire est prenante ont s’attachent facilement au personnage de Jun, la thématique du traumatisme de l’enfance et des répercutions sur son développement est extrêmement intéressante, le film est bien réalisé, c’est un film devant lequel ont passent un bon moment.
Maintenant que ceci est fait, je vais pouvoir développer plus amplement ce que j’attendais de ce film et pourquoi je n’ai pas été conquis par celui-ci. Voici mon interprétation de ce film.
Tout le début du film avec la partie enfance du personnage de Jun est probablement la partie sur laquelle je vais le plus m’attarder car c’est celle qui présente le plus de potentiel, je m’explique. Dans cette première partie, Jun découvre l’infidélité de son père, innocemment elle le fait découvrir à sa mère, jusqu’ici rien d’incroyable me direz-vous. Puis, vient la réaction totalement immature de son père, qui lui reproche d’être la cause de sa rupture avec la mère de Jun, et c’est à ce moment précis que le traitement psychologique du personnage de Jun devient très intéressant. Pour une enfant j’ai trouvé que Jun fit preuve lors de cette scène d’une grande maturité d’esprit, en effet pour une enfant qui ne connait pas grand-chose des relations humaines, elle ne sait pas ce qu’est l’amour entre deux individus, n’en conçoit pas les enjeux elle n’en saisit pas l’entièreté et la complexité. Seulement lorsque son père lui lâche à la figure cette réplique : « Jun. Tu sais, tu es vraiment bavarde. Tout ça, c’est de ta faute », elle saisit tout de suite l’ampleur, la violence, le drame, l’atrocité qui vient de se produire à telle point, qu’elle fini par s’auto-censuré. C’est ce que nous le montre très bien la scène avec l’œuf (qui est une représentation matérielle de sa conscience, c’est pour cela que je parle d’auto censure et d’ailleurs je trouve que sur ce point le synopsis est un peu maladroit, enfin ce n’est que mon avis), qui lui « jette un sort » la rendant muette. Ce qui étrangement paradoxale car cette réaction d’auto-censure, quand elle est très immature de la part de Jun, seulement c’est tout à fait cohérent puisqu’elle est une enfant, déjà que faire face à une telle remarque venant de son père en étant gamine est extrêmement difficile, ont ne peut s’attendre à une réaction plus mature.
Depuis ce moment, cette conversation avec son père, Jun se renferme totalement sur elle-même, volontairement pour ne plus blesser les autres mais surtout inconsciemment je pense pour se protéger elle-même. Et dès lors, elle à cesser de grandir, elle est restée une enfant, ce qui peut expliquer les expressions excessives du personnage à certain moment, cela marquerait cet arrêt dans sa croissance, même si c’est aussi une caractéristique récurrente dans les animés et film d’animations japonais, tout simplement parce que c’est culturel. Jusqu’à ce jour où elle est désignée avec d’autres camarades de classe pour organiser cette comédie musicale. Rapidement pour parler de ce point du film, je pense que la comédie musicale est un bon moyen pour amener la notion d’expression, le fait qu’elle doit exprimer ses sentiments et que si elle n’est pas capable de le faire par la parole directement, elle doit trouver un moyen alternatif pour le faire et donc dans le cas présent le chant. Il n’y a pas grand-chose à dire là-dessus, c’est simplement un moyen efficace de développer le récit, et aussi une façon un peu habile de dire que les problèmes ne se résolvent jamais d’eux-mêmes, il ne faut pas rester silencieux, il faut s’exprimer.
Tout du long de ce mois où les élèves préparent le spectacle, le personnage de Jun se transforme complètement, tous les personnages secondaires vont être des éléments qui vont nourrir cette transformation. Les relations entre les personnages sont très bien ficelées, ce qui rend tout le milieu du récit plaisant à suivre. Dans les dernières scènes, le personnage de Takumi Sakagami agit pour la dernière fois dans l’évolution de Jun. Il était la problématique (car elle est tombé amoureuse de lui), le problème (car il aime quelqu’un d’autre) et la solution, car il a permis à Jun d’achever sa transformation, d’accepter ce qu’il s’est passé, de comprendre que les mots ne font pas que blesser. Et alors pour la toute première fois elle a exprimé ses sentiments. Elle peut faire face à sa mère pour la première fois depuis longtemps, sans honte. Jun n’est désormais plus un enfant, c’est une adolescente, une adulte en devenir.
Bien, et maintenant qu’est-ce qui ma « déçue » ? Ou plutôt qu’est-ce qui ma laissé sur ma faim ? J’ai trouvé qu’il y avait un trop grand décalage entre la gravité du sujet abordé et le traitement qui est effectué pour développer ce sujet. Je m’explique, j’estime qu’il faut bien comprendre à quelle point le choc qu’a subi Jun a dû être violent pour qu’elle décide de se priver elle-même de sa voix. Or cette thématique est traitée avec légèreté incroyable, ce qui atténue considérablement l’aspect dramatique de ce qui est arrivé à Jun. C’est selon moi le problème de ce film, ont ne sens que très peu le poids qui accable cette jeune fille. Et je pense que cela est en partie du au fait que l’œuvre ne prend pas suffisamment son temps pour développer en profondeur les points clés de « la transformation » de Jun et également le fait que le récit ne revienne quasiment pas sur la relation de Jun avec sa mère ou alors très succinctement et pas du tout sur sa relation avec son père. Et par conséquent, là où le film est simplement bon, je pense qu’il est passé à côté de point essentiel qui aurait, s’ils avaient été bien développés, pu faire de ce film un chef d’oeuvre.