La vérité est ailleurs
Une petite chose en préambule : Je ne suis jamais objectif, je le suis encore moins quand ça concerne Brian de Palma. On tient là le seul film de SF de notre ami Brian et sans surprise, on est plutôt sur une tendance hard SF. Mais bien qu’on soit très loin de ses thrillers habituels, la patte est évidente, alors même que pour une fois il n’est pas l’auteur du scénario et que c’est une commande de Disney.
L’histoire raconte comment une équipe d’astronautes part sur Mars pour une mission d’exploration qui est finalement plus une mission de sauvetage. Avec eux, ils emportent des suppositions, des doutes et leurs névroses. Sur place, un certain nombre de phénomènes étranges vont renouveler les enjeux de la mission.
Si vous aimez le cinéma de de Palma, c’est la première partie du film qui vous fera ronronner de plaisir. Dès le premier plan d’exposition, on sait chez qui on est. Ce très long travelling de 6 minutes nous présente l’ensemble des personnages, leurs rapports, leur caractère et tous les enjeux du film. Il se clos par un « Directed by Brian de Palma » extrêmement classe. C’est proprement somptueux. Ceci étant dit, l’intrigue peut démarrer. Le réalisme du film, tant dans ce qu’il raconte qu’à l’image (les effets spéciaux sont réussis et plutôt de bon goût), nous plonge dans un suspens efficace qui nous tiendra presque jusqu’à la fin. Presque ? Oui, la fin, un poil WTF bien que suivant sa propre logique, ne plaira pas à tous et je lui trouve un petit côté kitsch new age pas du meilleur goût. Pour le reste, on oscille entre des hommages au 2001 de Kubrick ou au Solaris de Tarkovski et un thriller spatial classique très dans l’air du temps d’alors (dont certains éléments seront repris dans Gravity ou Sunshine). Les plus fins observateurs joueront au petit jeu des indices cachés et sauront repérer les jeux sur la focalisation entre caméra subjective et caméra omnisciente ou l’usage, même dans l’espace des fenêtres et du voyeur planqué, autant de marottes depalmiennes. A noter que l’interprétation est nickel, comme toujours quand on parle de Sinise, Robbins ou Cheadle.
Au final, c’est un bien meilleur ressenti lors de ce deuxième visionnage que lors du premier il y a 20 ans. Un film efficace, probablement pas le plus personnel de son réalisateur mais un chouette film de SF réaliste. Un rythme posé qui tranche avec la frénésie actuelle et qui pourra donc toujours séduire un public qui serait fatigué de l’agitation en collants.