J’ai vu ce film dès sa sortie, et déjà à l’époque je n’en avais pas gardé un très bon souvenir, alors que tous mes potes de lycée étaient à fond dedans, chose que je ne comprenais pas. En le revoyant avec un regard d’adulte plus éclairé, maintenant j’y vois un peu plus clair sur le type de public qu'il cible.
Je me souviens d’un adage à propos de la confiture : moins on en a et plus on l’étale. C’est exactement ce à quoi me fait penser ce film. Une idée est là, bien que plutôt simpliste, mais malheureusement, pas de quoi en faire un film entier, à peine un court métrage… Alors, dans une démarche de spationaute perdu sur Mars, penchons-nous sur la question « comment résoudre ce problème » ? Recette.
D’abord, insérons dans le scénario des scènes totalement inutiles. Par exemple,
faisons partir deux expéditions au lieu d’une. Les deux subissent bien évidemment des problèmes imprévus, ça fait gagner du temps
. Ajoutons ensuite une pointe de clichés :
la scène déchirante d’une femme qui voit son mari mourir dans l’espace sans pouvoir le sauver, poussons le bouchon avec le coup classique de la corde trop courte
…
Sérieusement, je suis vraiment perdu par ce qu'a voulu faire De Palma. Le film commence en trombe avec une entrée très alléchante sur Mars, qui disparait ensuite totalement de la circulation pendant une heure pour laisser la place à un thème totalement différent, qui fait penser à 2001 mais en moins bien. C'est tellement cliché que ça n'est pas du tout intéressant et endort le spectateur, en plus de faire retomber le suspense du départ.
Bien, il est temps de continuer notre recette. Agrémentons le tout avec une bonne dose d’un humour bien lourdingue, et pour cela, quoi de mieux qu’un personnage boulet, interprété par un Jerry O’Connell faisant de son mieux pour lui donner l’air d’être le plus débile possible. Ce personnage est tout simplement exaspérant, il est tout le contraire d’une spationaute entrainé et aguerri, il installe seulement une espèce d'ambiance teenager façon "Friends" qui suffit à elle tout seul à décrédibiliser le film, chose que Gary Sinise semblait avoir bien compris mais n’a pas réussi à sauver. C’est comme si la démarche du film n’était pas bien définie : est-ce de la SF, ou bien un film niais pour amuser les ados ?
Enfin, tout ça nous amène à 1H30 du film, alors revenons au pitch à suspense du départ.
Le fameux visage sur Mars, qui avait mis en bouche le spectateur au début
, n’aboutit en fait qu’à un énième cliché fait de niaiseries qui finalement s’accordent bien avec tout le film. Soulignons au passage les incohérences :
Comment des extraterrestres auraient pu autoriser l'entrée uniquement sur présentation du génome humain, sans en avoir la connaissance puisque que le génome humain est le fruit du hasard de l'évolution ? Et surtout, pourquoi partir sur une galaxie éloignée en semant de l'ADN sur Terre alors qu'il suffisait simplement de s'y installer?
Bref, à travers sa tentative d'effet whaouh! , le film se perd en fait dans des contradictions scénaristiques évidentes qui rendent la fin simplement idiote.
Tous comme les spationautes abandonnent leur rigueur en ne vérifiant pas la présence de gaz mortels
, il semblerait qu’ici, Brian De Palma, que je respecte pourtant beaucoup, ait ici décidé d’abandonner la rigueur d’un bon cinéma. Et moi, j’ai abandonné 2h de ma vie pour rien.