Le cinéma de Reichardt est un art reposé, calme, un art qui invite à s'envoler. Plus que l'effet immédiat, la réalisatrice arrive à faire fleurir ses films à l'intérieur de le spectateur, grandissant les heures suivantes, les jours suivants. Night moves pourrait être considéré son film le plus trépidant, trois activistes écolos qui commissent une très grave erreur. Le grand silence tout au long de l'oeuvre faisait d'une absence de dialogues une représentation vraisemblable des remords des personnages, traversant l'écran pour devenir une angoisse insoutenable par le public.
Retournant à son début, Old joy cache derrière un manque d'action un malaise évident entre les deux personnages masculins, des amis éloignés par le temps dont leurs affaires en suspens ressortent inévitablement. Le merveilleux La dernière piste, une promenade sous le soleil et la lune, n'était qu'une excuse pour mettre dans le moment clé du film une courageuse femme dans la prise d'une décision vitale. Reichardt a fait d'une expression arythmique et tranquille son signe distinctif le plus reconnaissable, devenant quasiment sûr la réalisatrice actuelle la plus intéressante.
Certaines femmes sont trois histoires indépendantes qui se déroulent dans le vaste Montana. Chaque épisode est conduit par une femme qui souffre les abus d'une société machiste: une avocate n'est pas prise au sérieux par son client et elle se voit obligée à mettre sa vie en risque. Conséquence d'être considérée la présence la plus aimable par la police. Sa tache, négocier avec un homme violent. On trouve une des scènes le plus violents de la filmographie de Reichardt dans ce film. Celle où le sergent lui montre en souriant la porte du bâtiment où elle doit aller calmer le criminel. Ici, la réalisatrice dénonce en toute lucidité l'injustice et le mal qui se cachent dans des gestes quotidiens qui attaquent les femmes, consciemment ou pas.
Ensuite, dans le deuxième chapitre, Michelle Williams passe pour une femme capricieuse et déconsidérée aux yeux d'un voisin proche à cause d'un approche négligent de son mari. Dans la dernière histoire, Kirsten Stewart enchaine un mauvais choix après un autre, tout pour échapper de la place que la société garde pour une femme de sa condition sociale. Mais rien ne se compare au personnage de Lilly Gladstone. Une femme marginalisé, habituée au rejet et à la solitude en tant que femme, pauvre et indienne.
Le schéma suivi par les trois segments est si atypique comme fascinant. Le prémier se déroule en ville, avec la femme face au public. La deuxième en banlieue, avec une femme face à son entourage. Puis le troisième part dans un village à quatre heures de route pour nous montrer la femme face à une autre femme. On dirait que selon Reichardt s'éloigne de la ville vers les hameaux cachés entre les montagnes enneigées on pourra toujours trouver une femme méprisée, la dernière par une déception amoureuse.
Mais la réalisatrice ne reste seulement sur le fond social de son texte ou le montage du film. Dans tous ses films les paysages du midwest américain nous bouleversent, ces endroits qu'elle enregistre: le bruit des ruisseaux dans Old joy, le désert dans La dernière piste, les bois de Night moves... ces cadres par lesquelles sa chienne Lucy, récemment décédée, star de Wendy et Lucy et Old joy, se promenait. C'est à ce chien que Reichardt dédie son film. Dans Certaines femmes, la chaleur humaine de trois histoires si intimes nous protège du froids de ses paysages si époustouflants. Là où les chevaux trottent entre les roches et la neige qui aveugle le spectateur. Là ou la nuit nous permet de voir les flocons de neige qui caressent l'asphalte.
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