Dès le début, "Flag Day" donne mauvaise impression. Avec son rythme très lent et sa voix off monocorde (presque endormie), on se dit que le sixième long-métrage de Sean Penn risque d'être dans la lignée de "The Last Face", dernier (mauvais) film du réalisateur. Adapté d'un ouvrage autobiographique, le récit relate les relations difficiles entre une fille et son père. Ce dernier, vivant de mensonges et de combines, mène une double vie, délestant ainsi son rôle paternel... Via une narration en flash-back, avec un beau grain à l'image, l'action s'étend sur plusieurs années, des années 70 à 90 et témoigne de l'ascension et de l'émancipation de la jeune femme face à la chute dégénérative de son père. De son enfance violentée à sa vie d'adulte affirmée, "Flag Day" se décompose en fragments d'existence. Si certaines scènes, très fortes, secouent et restent en mémoire, d'autres beaucoup plus contemplatives et attendues rendent le tout assez inégal. Il faut dire que l'histoire n'a rien de très inédit à proposer. Mise à part l'"histoire vraie", le scénario peine à emporter. De plus, des nombreuses ellipses émanent une confusion, et donnent l'impression d'un montage bâclé et coupé, rempli par un tas de chansons qui noie l'action dans une ambiance de clip. Ensuite, côté interprétation, je n'ai pas trouvé ça exceptionnel. En même temps, il caractérise à peine ses personnages par le biais de raccourcis faciles et un scénario téléphoné. Sean Penn, basculant devant et derrière la caméra pour la première fois, en fait des caisses. La mise en abyme de diriger ses propres enfants est certes intéressante, mais ça ne s'avère pas non plus transcendant. Dylan Penn (que je découvre) joue juste mais a du mal à porter ce film bancal sur ses épaules tandis que son frère apparait à peine. Quelques seconds rôles permettent de pimenter un tant soit peu cette histoire (Josh Brolin, Katheryn Winnick...) mais ça ne rend pas "Flag Day" plus inspiré...