Jean-Paul Bolzec, comédien sexagénaire à petite réputation originaire de Grenoble, a trouvé un engagement en Azerbaïdjan (plutôt très mal payé, d'ailleurs). En route pour Bakou, et l'aéroport, son taxi se retrouve pris sous le feu de tireurs arméniens (Azéris et Arméniens continuent les escarmouches, sporadiquement, quand la guerre les opposant est finie depuis des lunes) - il franchit sans s'en rendre compte alors la frontière à pied, abandonné par son chauffeur. Après quelque malentendu initial, Bolzec est accueilli en bienfaiteur dans un bourg misérable, sous la coupe d'un "capo mafia" local. Héros malgré lui d'une légende urbaine (comme le lui expliquera Tzarkanoush, la belle interprète venue de Erevan), il va, au fil des semaines, donner vie et crédibilité à ladite - ayant trouvé de la façon la plus inattendue (voire improbable) possible un sens (tardif, mais irrésistible) à sa vie ! C'est Candide dans le Caucase, où la communication (sauf à la "ville" - à 50 kms de là - dans une agence du... "Crédit Agricole", où le personnel parle français) doit beaucoup à la "débrouille", et à la bonne volonté mutuelle, avec un excellent Patrick Chesnais, d'abord "celui qui paie", puis "Celui qu'on attendait".... Serge Avédikian rend un bel hommage à ses origines, poétique et chaleureux, mais jamais outré, jamais béat (il n'oublie pas, ainsi, d'illustrer la corruption omniprésente, comme dans tous les pays pauvres - même si l'Arménie est en pleine expansion, et sait montrer la part de roublardise des villageois). Un joli film, très dépaysant (cependant sans "pittoresque" voyeuriste ou appuyé), mais très universel aussi.