C'est très simple : j'ai trouvé la partie jour indigeste mais le retournement de la partie nuit excellent. Au début, le montage est assez bancale, avec des voix qui se superposent, des situations qui tombent à l'eau, quelques scènes qui s'achèvent bizarrement, un découpage scandaleux. La caméra manque de fluidité et de logique, elle filme toujours de loin avec des fougères flous et des bouts de corps au premier plan. C'est un parti pris intéressant, mais la sensation de zoom est assez laide à l'écran. La mise en scène n'est pas dingue et la lumière est mal gérée, on voit constamment une lueur autour des personnages au soleil et les contre jour ne semblent pas volontaires. Puis vient la nuit, et les personnages montrent enfin d'autres facettes d'eux mêmes : ils sont sensibles, lâches, parano, nerveux..., Des liens intéressants se nouent entre eux, ou se dénouent. C'est dans cette deuxième partie que nous rentrons dans le vif du sujet, que les tabous tombent, que l'on sort les fusils et que tout s'embrase. La serveuse change de tenue et de rôle, les jeunes cools deviennent des imbéciles, le héros un homme puma. Il y a des choix de mises en scènes plus précis (comme celui de l'écran de karaoké filmé devant le personnage d'Agnes Jaoui au second plan). De façon générale, les textes sont bien écrit, les acteurs sont bons et les situations intelligentes, les dialogues entre Castro et son chauffeur, puis avec sa fille sont particulièrement réussis. Le choix de la musique du blues du business, chanté par la comptable est un clin d'œil malin à la situation de Castro dans ce film : celui à qui tout réussis mais, qui en définitive, ne crée rien, et ne fait que du profit sur la misère. D'ailleurs, les réflexions sans filtre du personnage de Castro et des autres soulèvent des débats intéressants : "la jeunesse c'est bien, c'est mieux", "il y a les gazelles et les lions", "il ne te parle pas pour ton intelligence", "personne ne veut voir des émissions intéressantes", " tu vends des livres parce que tu portes mon nom". Bref, ce film regorge de détails qui exposent les pensées engagées de Jaoui et Bacri, la proposition est bien sur le papier, dommage pour l'adaptation décevante. La scène de clôture est un régal, mélange de cynisme, de dérision et de poésie... Osez Samantha !