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Un visiteur
4,5
Publiée le 3 avril 2018
Différents lieux, différentes époques, mais une lutte commune: être libre de choisir qui l'on est. Un magnifique portrait du Maroc, à travers cinq personnages, chacun confrontés à un choix: la tradition ou la révolution. Les plans dans les montagnes de l'Atlas appellent à la contemplation, ceux de Casablanca vibrent d'une révolte émergente. Comme le personnage du professeur, Nabil Ayouch pose un regard emprunt de poésie sur des sujets difficiles. Son film rappelle que nos libertés sont toujours, pour d'autres, des combats à mener.
C’est le Maroc des montagnes. La musique est très belle, et les images font dérouler des paysages somptueux, où le soleil, la lumière, la rougeur des montagnes, les maisons rentrées à même la chair des rochers, habitent les cœurs. On suit alors le destin d’un instituteur berbère dans les années 80 qui voue une véritable passion à vouloir transformer ses jeunes élèves en des adultes lettrés. Jusqu’à ce qu’il reçoive la visite glaciale d’un représentant Ministère de l’Education qui lui enjoint de faire désormais toutes ses leçons en arabe littéraire.
Voilà le début absolument radieux du nouvel film de Nabil Ayouch « Razzia » dont le fameux « Much Loved » avait transporté les spectateurs dans un récit sensuel et lumineux. Le film démarre sur la fuite d’un grand homme vers Casablanca, là où peut-être il pourra s’oublier, et surtout faire le deuil d’apprendre le monde à des enfants dans leur langue maternelle, le Berbère. De ce destin-là, on suit le destin de 6 autres personnages : une jeune-fille des quartiers riches qui fait la découverte de ses premiers émois sexuels, un jeune-homme qui rêve de chanson à l’instar de Queen, une jeune-femme libre comme l’air qui cherche ses marques dans la société marocaine, l’épouse de cet instituteur qui tient une sorte de caverne luxurieuse pour les femmes, un homme d’affaire juif, passionné par les femmes de passage, et un cuisinier dévoué pour son patron.
« Razzia » est un film ambitieux. Au travers de ces gens, le réalisateur dresse le portrait du Maroc d’aujourd’hui. Le pays se débat entre des relents réactionnaires qui prônent par exemple le refus de la réforme de l’héritage en faveur des femmes, et une jeunesse désillusionnée à laquelle la société n’offre ni travail et ni espoir. Le réalisateur cherche à tout dire de ce pays pétri de paradoxes et de tensions existentielles. Mais à vouloir trop dire, le récit se perd dans des confusions narratives qui font oublier le projet politique de son auteur. Les personnages sont regardés parfois de façon assez manichéennes, ce qui ne convainc pas totalement. On a même le sentiment d’une certaine superficialité dans ces traits très marqués des personnages.
« Razzia » fait montre de véritables fulgurances poétiques, s’agissant notamment du récit de ce magnifique instituteur. Mais le projet ne va pas au bout de ses ambitions, flirtant même avec l’ennui et le misérabilisme parfois.
Film peut-être trop ambitieux, cinq histoires sans grands liens entre elles, avec des retours en arrière, etc. Scénario inutilement compliqué, malheureusement, car, par ailleurs, le réalisateur ne manque pas de talent, c'est évident. Mais ces histoires sont d'un intérêt inégal, ou insuffisamment développées, et quelle que soit la beauté sidérante de Maryam Touzani, on peut trouver que le réalisateur s'attarde un peu trop sur les gros plans qui la concernent? Dommage, car le début, dans l'Atlas, est vraiment extraordinaire..
Dans un Maroc écartelé entre tradition et modernité, 5 personnages sont tous reliés par un fil invisible, celui de leur quête de liberté. Avec ce film choral Nabil Ayouch n'est pas seulement l'Alejandro Innaritu de l'Atlas mais aussi un sociologue mélancolique mais non sans espoir qui regarde son pays tomber. Dans une longue déliquescence, comme une explosion filmée au ralenti qui ne peut se terminer que par une scène finale de catharsis absolument stupéfiante. Et presque réjouissante. Un très beau geste de cinéaste accompagné d’une belle déclaration d’amour à sa compagne, un grand film.
Emportée jusqu'au bout. Une vision très intéressante du conflit entre valeurs individuelles et société, ainsi que sur l'énorme fossé social qui existe au Maroc. Gros coup de coeur !
Nabil Ayouch arrive très simplement et avec poésie à dépeindre la société marocaine et critiquer ce qui ne va pas à travers ces 5 personnages tragiques. C'est d'un réalisme assez fou et c'est pour ça que c'est aussi triste ! Des thèmes très importants comme l'éducation, la transmission du savoir, la liberté, les rêves, l'importance d'être ce qu'on veux être librement... Jolie bande son et de bons acteurs notamment. A voir !
Oeuvre magnifique, puissante, totalement envoûtante. Il fallait beaucoup de talent et d'inspiration à Nabil Ayouch pour traiter un sujet purement sociétal d'une manière aussi poétique. Entre amour et haine, intolérance et liberté, refoulement et sensualité, violence et tendresse, rêve et désillusion... Cette peinture d'un Maroc déchiré laisse le spectateur bouleversé sous le coup d'émotions où le désespoir est toujours prégnant . Ce qui s'appelle un BEAU film, assurément.
« Ville monde, ville tombeau » dit l’un des personnages qui fut lui-même, trente ans auparavant, rejeté par le système. A Casablanca la « ville monde » est nue : les diplômés n’ont pas de travail et hurlent leur désespoir dans des manifestations sans issue. Derrière de hauts murs une jeunesse dorée laissée à elle-même perd ses repères. Les couples vacillent incapables de conjuguer modernité et tradition ou bien se fracassent sur les différences entre communautés. Les destins individuels atypiques sont moqués d’abord, broyés ensuite. Cette ville tombeau engloutit l’amour qu’on arrête de rechercher, se repait des combats qu’on n’a pas eu la force de mener et propose des prostituées pour combler les frustrations qu’elle engendre. L’art de Nabil Ayouche fait de ces éléments épars un film profondément juste où la tension est constante, où les individus ne peuvent tracer leur voie qu’au prix d’efforts démesurés et où le collectif ne propose que violence ou retour au passé (on remarquera l’ahurissante manifestation où des femmes protestent contre la loi leur donnant en matière d’héritage les mêmes droits que les hommes). Un très beau film qui pose de vraies questions.
Bouleversant. Une société marocaine à l'arrêt confrontée à toutes ses contradictions, excès, extrêmes... Une révolution pour le modernisme ou l'obscurantisme ?
Boff boff, film trop facile! cite quelques problèmes au Maroc( d'une façon exagérée), on dirait un reportage, sans commentaire sans analyse, y'a pas d'histoire ni de but ...
Le film de l'année, un mix entre BABEL et CORPS ETRANGER, un film grave qui vous prend aux tripes; un film réaliste aux paysages envoutants, entre mer et montagne, qui a le goût du sel de mer et du miel de gommage au hammam; a voir absolument.
5 destins admirablement écrits, pour décrire une société très complexe et réelle, conforme à la réalité. Des personnages émouvants. Le jeu des acteurs tellement vrai. Mon’meilleur film depuis longtemps.
J'ai globalement apprécié, les différentes tranches de vie dépeintes, les messages, les acteurs, c'est globalement un bon film mais malheureusement il y a énormément de lenteurs et un réel manque d'émotion dans les scènes censées être touchantes ...
Un grand film, subtil et poétique qui nous montre l indicible, le tacite dans la société marocaine , les paradoxes les tiraillements entre la religion et ses extrémismes parfois et des groupes de jeunes ou d autres qui sont sollicités par d autres courants, envies, plus occidentales, plus matérialistes, qui rêvent d ouvertures davantage dans le domaine de la sexualité, qui rêvent d emplois...une violence aussi, des groupes sociaux qui ne se comprennent plus...l impression forte d un feu qui couve...ou bien davantage.