Après Le Havre, sorti en 2011 qui montrait un jeune migrant d’Afrique noire recueilli par un écrivain raté dans la ville du Havre, Aki Kaurismaki filme à nouveau des migrants, cette fois-ci dans le cadre d’Helsinki, au travers du destin croisé de deux hommes, l’un Wikhström, la cinquantaine, représentant de commerce en chemiserie, qui décide de quitter sa femme alcoolique et d’ouvrir un restaurant, l’autre Khaled, refugié syrien d’Alep, échoué par accident à Helsinki, au hasard de la route d’un cargo de charbon où il s’était refugié après un long voyage, via la Turquie, les Pays de l’Est….il souhaite se poser et dépose une demande d’asile, celle-ci refusée, il décide malgré tout de rester et échappant à la police, il finit entre les poubelles du restaurant de Wikhstöm qui le prend sous son aile…Aki Kaurismaki a obtenu l’ Ours d’argent du meilleur réalisateur à la dernière Berlinale…A l’origine, l’Autre coté de l’espoir devait être la seconde partie d’un triptyque consacré à la question migratoire en Europe…il a annoncé à Berlin qu’il s’arrêterait probablement là…C’est un film sombre, sombre comme le charbon d’où s’extrait Khaled, sombre comme cet Helsinki filmé de nuit, aux lumières saturées, couleurs éteintes du restaurant, atmosphères enfumées d’alcool et de cigarettes, sombre comme la froideur des interrogatoires , sombre comme les visages inexpressifs des fonctionnaires de l’immigration…mais il y aussi cet humour grinçant, comme cette gestion fantaisiste du restaurant, qui passe d’une restauration finlandaise assez roborative, à une -spécialisation dans les sushis…il y a aussi toute une série de personnages de second rôle abordés avec un grand sens du burlesque….une mise en scène décalée et ces musiques aux frontières du blues, de la country et du rock, servies par d’improbables musiciens, Johnny Cash à la finlandaise…C’est un joli conte social, d’où se dégage une réelle humanité, une réelle empathie, et l’invitation de voir les réfugiés autrement que ces nationalistes bornés de Finlande ou d’ailleurs…