"Margaret" est le deuxième long métrage de la réalisatrice irlandaise Rebecca Daly. Le premier, "The other side of sleep", avait pour thème le somnambulisme. C'est sur l'amour maternel que se penche "Margaret". Un couple séparé, un enfant qui disparait : cela fait penser à "Faute d’amour", le récent film de Andrey Zvyagintsev. De ce point de départ commun, Rebecca Daly fait quelque chose de totalement différent, avec cette peinture, à la fois sensible et sans concession, d’un amour maternel ambigu qui finit par naître chez une femme n’ayant pratiquement pas eu de liens avec Patrick, un fils à qui elle avait donné la vie. En effet, après avoir appris la disparition de cet enfant, elle se prend d’affection pour Joe, un gamin de 17 ans, violent et sans repère, qui a quitté sa famille et qui zone au sein d’une bande dans le quartier. Jusqu’où cette affection, dans un premier temps très maternelle, va-t-elle pouvoir aller, alors que Matt, l’ex mari de Margaret, venu lui annoncer la disparition de Patrick, se montre très ambigu auprès d’elle ?
Rebecca Daly excelle à créer une grande tension et à la maintenir tout au long du film. Même si le film n’est pas exempt d’une certaine lourdeur (par exemple le rapport à l’eau, piscine, lac, baignoire, de la part de Margaret et Joe, rapport trop souvent utilisé et qui cherche à montrer, sans doute, que ces deux personnages sont sur le point de se noyer au sens figuré du terme) on arrive à faire fi du caractère assez peu crédible de l’histoire, on arrive à s’attacher aux personnages, à ce trio formé de Margaret, Matt et Joe, ce trio où chacun a ses blessures et s’efforce de les soigner à sa façon.
Manifestement, il faudra suivre avec attention la carrière de Rebecca Daly. On notera que, depuis "Margaret", Rebecca Daly a réalisé "Good Favour", présenté il y a 2 mois au Festival de Toronto.