The Lure, Corki Dancingu de son vrai titre, traduisez littéralement avec Google Translate Filles dansant, est un film polonais qui mérite le détour, quoi qu'on en pense. Il fait partie de ces films moyens audacieux qu'on regrette presque de noter plus sévèrement qu'un film plus conventionnel réussi.
Cette comédie musicale revisite le mythe de la sirène...
Oui, nous avons donc à faire à une comédie musicale polonaise sur des sirènes. Pour un premier film, on a connu des réalisateurs moins téméraires !
Agnieszka Smoczyńska nous entraîne donc dans cette comédie musicale et revisite le mythe de ces créatures du folklore scandinave. Comme le suggère l'affiche, on est très loin d'une histoire passée sous le prisme Disney et on lorgne plus vers la véritable moelle du conte sombre prompt à faire frémir les enfants les plus turbulents à grands coups de morale. Si vous ne les aviez pas encore éloignés, le générique, lent et intriguant finira de vous convaincre. La vision de cette toile moyenâgeuse en long travelling nous ramène presque en un instant à des temps oubliés où prospéraient mythes et légendes.
Mais il ne s'agit ici que d'une mise en bouche rapide car le point de départ du film est la transposition de ces chanteuses hypnotiques dans un contexte plus récent, presque actuel même s'il est difficile de le rattacher à une date précise.
La réalisatrice réussit à prolonger cette étrangeté avec sa scène d'introduction où le regard envoûtant, attirant et malicieusement dangereux de celles qui se présenteront ensuite comme Or et Argent, a quelque chose de fascinant. Elles font immédiatement la rencontre d'une famille bordélique, de musiciens sans gloire, et se voient embauchées dans un nightclub pour leurs attributs peu communs.
Si en surface on navigue sur les eaux claire de l'histoire d'amour impossible classique et inévitablement dramatique, malgré un déroulement assez décousu et des choix scénaristiques qui dilapident un peu l'intérêt et la cohérence de l'ensemble, visuellement, le film possède un charme certain. Des couleurs saturées de la discothèque à la froideur de la plupart des autres lieux, pour un film majoritairement nocturne, on apprécie le travail réalisé sur la plupart des scènes dont certaines, doublées du charme envoûtant des deux actrices, marquent véritablement (l'ambiance du bain, le graphisme de l'opération).
On reste à la fois constamment attentif à l'évolution de la situation, et pour autant, un brin dubitatif à cause de ce manque de liant et de profondeur qui nous laisse émotionnellement sur la touche malgré les enjeux.
Pour faire un parallèle avec ce thème revisité, The Lure est un chant, un chant magnifique qui nous fait faire quelques pas dans l'eau, par curiosité, pour voir si elle est bonne. Et si on y reste tranquillement, qu'elle se réchauffe autour de nos pieds à mesure que notre corps s'y habitue, il manque à ce chant l'interprétation accrocheuse qui vous toucherait juste assez pour succomber totalement à l'appel du grand bleu.
Une réalisatrice à suivre qui a depuis deux nouveaux films à son actif.