Ce film est un très grand et beau film.
Comment peut-on mettre en scène au cinéma la difficulté de communication dans une famille sans en dire ou en faire trop ?
Tout comme le film " Toni Erdmann " y était parvenu grâce à la facétie comique et poétique, celui-ci y parvient très bien, mais avec d'autres ingrédients.
Et notamment, grâce à une petite astuce cinématographique que l'on retrouve sur l'affiche du film: la représentation du père et de la mère à travers 2 tatouages dessinés sur le cou du jeune homme.
Entre le père et son fils, le silence est la règle d'or, le torchon brûle: on ne parle pas du personnage principal du film: la mère disparue, décédée.
Et ainsi, comme une soupape de respiration, à cause d'un deuil qui visiblement n'a pas été fait et où les non-dits ont été la règle, ce qui n'a pas été dit entre le père et son fils se déplace ailleurs, autrement, sous une autre forme, dans les tatouages qui couvrent le corps du fils et dans son défoulement criard dans un groupe de hard-rock.
Pour ne pas trop en dire à ceux qui vont aller voir ce film sachez que le talent du réalisateur, de scènes en scènes, en mettant en lumière ou en cachant alternativement les tatouages respectifs du père et de la mère, nous donne une clef de compréhension qui permet de savoir ce qui traverse les pensées des personnages ou ce qui est au centre de chaque scène ( puisque les mots sont absents ou presque ).
L'arrivée d'une femme dans ce couple père-fils silencieux et conflictuel va poser sur la table ce dont on ne parle pas et qui pourtant est omniprésent dans les têtes.
Elle va cristaliser, en se plaçant entre les 2 personnages de ce couple bancal, le conflit, les ressentiments et les blessures liés à la difficulté de communication.
Là encore, le talent du film réside dans l'émergence, dans les deux têtes, du sujet principal du film, à travers la présence de cette femme: la mère disparue et pourtant si présente.
Mais le couple père-fils comprendra finalement qu'il est trop tard, que ce qui n'a pas été dit ne pourra pas l'être, ne pourra sans doute jamais l'être, comprendre que le silence est devenu " incassable ".
domi