Après avoir excellé dans le thriller d’action, Fred Cavayé s’est essayé à la comédie populaire en dressant le portrait caricatural d’un radin. Avec Dany Boon en tête d’affiche, le spectateur est en droit de s’attendre à quelque chose de marrant, d’autant que le concept avait été auparavant exploité avec une plus ou moins grande réussite. Oui eh bien là… c’est la douche froide. Au final, ce film donne l’impression de n’avoir été monté que pour la gloire de l’acteur principal. Ce n’est pas le cas, puisque sa participation n’était pas prévue au départ. Certes on ne va pas cracher dans la soupe car l’humoriste fait ce qu’il sait faire de mieux, à savoir les mimiques. Mais on ne peut pas dire que ça fonctionne vraiment. Tout cela manque cruellement de crédibilité. Si encore il y avait de la finesse… Même pas ! Tout a été construit pour prendre en sympathie le personnage principal malgré sa radinerie qui l’habite jusqu’au bout des ongles, mais les traits ont été tellement grossis qu’on ne parvient même pas à éprouver le moindre sentiment envers lui. Il en va de même pour Valérie, jouée par une Laurence Arné visiblement plus gênée qu’autre chose par la psychologie de son personnage. Et que dire de son voisin, ou devrais-je dire de SES voisins ? Misère, que tout cela est terriblement cliché ! Le truc dans tout ça est que cela va parfois trop loin, tant et si bien que la tangibilité de l’histoire est tout bonnement absente.
En effet, qui peut croire que les voisins immédiats puissent s’adonner à des inscriptions vilipendeuses à l’entrée principale de leur propre lotissement ?
Or, le spectateur a besoin de croire un minimum à l’histoire ! Alors quand en plus on voit un banquier plus psychologue que banquier, comment voulez-vous que ça marche ? Quoique Macron devrait en prendre de la graine lol ! Et que dire des références cinématographiques qui n’ont rien à faire là ? Pour la musique de "Pretty woman", ça passe encore, mais pour le clin d’œil à "Shining", alors là… alors là… c’est d’un ridicule ! Tout n’est pas négatif pour autant, même si on sent la fin arriver grosse comme une maison par un sauvetage de la morale. Pour le coup, ce sauvetage se fera in extremis. Mais notons tout de même quelques bonnes petites choses, comme les raisons pour lesquelles François se refuse à prendre le bus. Elles tiennent en une seule réplique, mais une réplique qui, en ce début 2019, prend une signification plus importante encore à l’heure où les nombreux gilets jaunes s’opposent avec conviction à la politique de Macron. Bon j’arrête avec notre Président actuel, car le film étant sorti en 2016, ça n’a absolument aucun rapport. Pour en revenir aux bonnes choses, il y a aussi les petites réflexions assassines des uns et des autres à l’égard de François, ainsi que la scène du restaurant au cours de laquelle Laurent Saint-Gérard a su faire preuve de nuances en serveur à qui on ne la fait pas. Mais je retiens surtout deux grands moments : d’abord le coup du cadeau et ensuite le discours, seuls moments où la vérité semble vouloir enfin transpirer si on excepte le jeu juste de Noémie Schmidt en Laura et de Karina Marimon en Carole. Malheureusement, par un Dany Boon trop ancré dans sa obsession maladive, ce ne sont que des coups d’épée dans l’eau. Le rebondissement final n’arrivera que par un événement bien plus précieux. Bon, et le rire, dans tout ça ? Eh bien ce n’est pas avec "Radin !" que les zygomatiques vont travailler. Tout au plus, le spectateur va sourire quelquefois, mais cela parait bien maigre pour une comédie. La faute à une tournure un peu trop satirique, en tout cas beaucoup trop caricaturale. Le moins qu’on puisse dire, c’est que Fred Cavayé s’est montré radin sur l’authenticité de l’histoire, alors qu’il s’y était plutôt bien illustré à travers ses thrillers d’action. Par contre, ça aurait pu donner de bons sketches à Dany Boon.