Il est difficile de comprendre la stratégie éditoriale de France 2 en ce qui concerne cette fiction : pourquoi investir dans la production d’un téléfilm si c’est pour qu’il reste inédit pendant quatre ans ?! Maintenant qu’on l’a vu, on ne peut imputer cette absence à l’antenne que par une frilosité guère assumée des programmateurs compte-tenu du sujet… car Le mari de mon mari a été remarqué au festival de fiction télévisuelle de Luchon il y a deux ans et l’ensemble s’avère plaisant et efficace. Plaisant car franchement, on rit beaucoup des situations embarrassantes créées par cet imbroglio sentimental et par les tentatives pathétiques de Juliette pour casser le couple de son ex. En même temps, le film n’est jamais moralisateur, car si le déroulement du scénario et la mise en scène sont assez convenus, les personnages sont bien écrits, et ne sombrent jamais dans la caricature. Ils présentent, au fond, des travers si universels que chaque spectateur, s’il est honnête envers lui-même, peut se projeter à des degrés divers. Et les interprètes ne sont pas pour rien dans la justesse des personnages : Julie Depardieu apporte au sien une forme de fantaisie grâce à laquelle Juliette reste attachante malgré son égocentrisme et ses coups bas. Jérôme Robart, quant à lui, n’a pas volé son prix d’interprétation à Luchon : d’une scène à une autre, il est tout en charme puis dégage la froideur la plus glaciale, la douceur d’un homme amoureux ou encore la douleur, celle d’avoir un père intolérant. Mathias Mlekuz est attachant en mari compréhensif qui tente de ménager la chèvre et le chou mais assiste malgré tout à une guerre ouverte entre l’ancien et le nouvel amour. L’alchimie entre les deux acteurs est évidente, enrichie par des années de complicité dans Nicolas Le Floch (devant leur talent on oublie très vite leur duo de policiers pour apprécier cette nouvelle dynamique). Il y a également quelques seconds rôles de choix dont les parents (inénarrable Evelyne Buyle en mère bohème ultra-tolérante) ou l’ex d’Antoine.
Le film est plaisant, donc, mais je le disais, efficace, car l’humour n’est qu’un vernis élégant qui permet d’aborder et de dédramatiser des sujets délicats. Et surtout, à travers l’histoire de ces personnages, passe un message essentiel : homo ou hétérosexuel, là n’est pas la question, car quelle que soit la personne qu’on aime, on connaît tous les mêmes tourments et les mêmes bonheurs ! Alors on pardonne le retournement un peu facile et attendu de Juliette et du père d’Antoine. Espérons que ce téléfilm puisse contribuer à faire réfléchir d’autres personnes !