Alain Guiraudie nous emportait dans son dernier opus, "L'inconnu du Lac", dans une métaphore champêtre et estivale du SIDA, où le récit en rajoutait dans la crudité des rapports sexuels, particulièrement entre un jeune-homme très beau, et d'autres vieillissants, pour le moins peu attirants. Le réalisateur, cette fois, récidive avec un récit qui hésite entre deux extrémités provinciales, d'un côté la Lozère, les Grands Causses exactement, où les loups dévorent les moutons, et de l'autre, Brest, où les SDF dorment sous un même pont. Les lieux se résument en fait à, pour l'un un morceau de rue déserte, un peu de montagne et une ferme, de l'autre, la rue de Siam d'où l'on aperçoit la mer. Entre les deux, il y Léo, un quadragénaire énigmatique, qui fait des films, propose à des jeunes-gens trouvés sur les routes de Lozère de tourner dans ses œuvres (même si l'on devine immédiatement que le visage photogénique du garçon n'est pas sa seule motivation à le faire rentrer dans ses films), et se retrouve père d'un bébé que sa Dulcinée décide de lui abandonner. Là où "L'inconnu du lac" essayait de donner une cohérence générale au récit sur un mode quasi théâtral, le nouveau film de Guiraudie s'égare dans une myriade de sujets, totalement décousus les uns des autres, voire inutiles pour certains, où il est question de création artistique, d'hétérosexualité, de monoparentalité, d'homosexualité, de spiritualité, et de gérontophilie. Comme pour "L'inconnu du Lac", le réalisateur va trop loin dans la démonstration : les rapports sexuels, normalement dévolus à une intimité heureuse, deviennent écœurants. Les corps souffrent de déséquilibre, de mal-vivre et les dialogues, parfois complètement surréalistes, versent parfois dans la grossièreté. "Rester vertical" est un film où le spectateur souffre beaucoup, à force d'images corporelles violentes, pourtant très paradoxales avec la photographie, de très belle qualité, particulièrement quand il s'agit de filmer des espaces de campagne ou la rivière.