L'exil, c'est souvent partir, quelquefois même fuir. C'est ce qui a motivé Nico, un comédien argentin, à venir tenter sa chance à New York, après avoir été l'un des héros d'une série télévisée dans son Argentine natale. New York est un personnage central du film, c'est d'abord cette ville peuplée de gens divers, de modes de déplacements, d'expression extrêmement diversifiés. A New York, incarnation des Etats-Unis, il est possible de survivre à coups de petits boulots. Nico escompte un rôle et de fait entrer en piste dans son métier à New York. Il défie les caméras de surveillance des magasins, qui le filment, mais ne le remarquent pas. L'anonymat, lorsqu'on est acteur, ce peut être reposant lorsqu'on travaille, mais lorsqu'on ne joue aucun rôle, lorsqu'on n'est plus "reconnu", c'est angoissant. Le rythme du film semble parfois un peu lancinant, mais peu à peu, nous nous laissons entrainer à accompagner le quotidien de ce garçon, qui se déplace à bicyclette dans l'espace new-yorkais.Vivant en colocation, il s'organise comme il peut pour sauver les apparences. Alors qu'il pourrait tout à fait se décourager, on le sent inventif et sincère dans son positionnement existentiel. Il ne semble jamais à court d'idées pour survivre et continuer d'exister. Très prisé comme babysitter masculin (à juste titre d'ailleurs), il aspire néanmoins à exercer son métier. L'instabilité professionnelle actuelle n'est supportable, que parce qu'un espoir d'au-delà existe pour lui. Lorsqu'il met en scène sa réalité, il sauve la face, mais ce n'est pas son narcissisme, qui le gouverne, plutôt l'espoir de s'en sortir, de ne pas "se griller" en tant que comédien. Parfois, lorsque la tristesse le gagne, on sent que son départ d'Argentine a obéi à un réel désarroi, à un désespoir face à une situation insoluble. Nous verrons une nouvelle fois combien le lien d'emprise peut être ravageur et saboter le talent. "Personne ne regarde" énonce le pervers. C'est le drame de Nico, qui lui, est capable de regarder et d'affronter la réalité en face, quelle qu'elle soit. La seule issue, c'est de quitter ce lien d'emprise. Pour ce faire, la distance géographique reste parfois insuffisante, seul le courage de dire non à son prédateur, à son oppresseur, peut permettre d'envisager de recouvrer la liberté d'agir, de créer, d'exister pour soi.