Critique publiée le mardi 15 mars au sein d'une rubrique quotidienne (intitulée Diar(rh)y) sur un nouveau site (soit-disant adepte de la libre expression, il n'a pas fallu 1 semaine pour faire mentir cette belle promesse) mais que son directeur décida de supprimer. Publiée ici pour contribuer à ce que ce film crucial soit vu au cas où certains y soient incités. .
Ça s'appelle Merci Patron, et tout un chacun devrait pouvoir se faire délivrer un ticket gratuit sur simple présentation de sa carte vitale tant cette heure et des poussières de projection vous met dans un état d'euphorie que même le Séroplex à dose maxi ne parviendra jamais à égaler (et pourtant depuis 20 ans, qu'est-ce que j'en avale). N'avais pas ri autant depuis Les tontons flingueurs. D'ailleurs c'est grosso modo la même histoire. Enfin disons "Les pieds nickelés contre les tontons flingueurs". Les pieds nickelés étant ma BD préférée, c'est rien que du bonheur. L'approche humoristique n'enlève rien à l'impact politique du message et à l'émotion éprouvée devant la violence de la situation de départ par la famille héroïne et héroïque du film, les Klur. Les Klur qui, au début du film, vont rien moins que se retrouver à la rue, et que l'équipe du film va tenter de sauver en montant une arnaque qui, sur le papier, avait tout du plan foireux sans l'ombre d'une chance de succès, mais qui, trahissant l'incroyable vulnérabilité de ces grands groupes dont la réputation est fondée sur le mensonge et la tartuf(f)erie, se met à fonctionner (mais je tais la fin tant le suspense est réel et mérite qu'on ne le spoile pas, s'poiler oui, spoiler non). Le film aurait d'ailleurs pu s'appeler Il faut sauver les Klur, et mon goût pour les jeux de mots pourris se serait assez satisfait de Les rats contre les Klur. Mention spéciale au nervi chargé de la sécurité de LVMH, pathétique fripouille encore plus bête que méchante, sorte de Lino Ventura doté du cerveau de Jean Lefèvre, arroseur arrosé, qui croit se jouer des Klur et qui mord à, que dis-je, dévore, tous les hameçons qu'on lui tend. Impayable. César du second rôle assuré si le jury n'était pas stipendié par Arnaud et sa clique. Ah oui car j'oubliais, le Bernard dont il est question tout au long du film, c'est Bernard Arnaud, PDG de LVMH et un des symboles les plus nauséabonds des années frics, ces années 80 où les Tapis, Arnaud et consort, étaient les nouvelles icônes des médias et d'une partie d'une néo-classe moyenne qui préparait le terrain de la plus grande casse sociale de l'histoire de l'humanité. Bref, un film d'intérêt général (et particulier pour les Klur) qu'il est plus important d'aller voir que d'aller voter tant un succès phénoménal foutrait la panique dans la forteresse dorée de cette caste de privilégiés qui se torche avec la déclaration de la fin des privilèges signée par l'Assemblée constituante la nuit du 4 août 1789. On en profite pour rappeler le rôle essentiel de Pierre Carles qui, plus encore que Michael Moore, est la véritable influence du film, et qui devrait avoir un statut autrement plus prestigieux et respecté que celui dont il bénéficie. L'histoire lui rendra sa place, j'en suis persuadé.