Avis sur Le Magicien d'Oz

Cette version du Magicien d’Oz n’est pas vraiment marquante. Ce fut parait-il un échec en son temps, et même si ce n’est pas si mauvais que cela, c’est un film fantastico-comique à l’intérêt limité.
Le film fait le choix d’être peu fidèle à l’histoire originelle, et je ne doute pas que cela à jouer dans la faiblesse de l’ensemble. En effet, le métrage se concentre beaucoup sur les personnages secondaires et délaissent nettement celui de Dorothy. Elle apparait réellement peu, et je dirai même qu’au-delà de Dorothy, le film se concentre beaucoup sur les mésaventures de l’épouvantail. Assez longuet à démarrer, redondant, peinant à être vraiment drôle, Le Magicien d’Oz version 1925 manque aussi de fantaisie. Quelques personnages en costumes, cela ne suffit pas vraiment à donner l’ambiance merveilleuse que l’on pouvait attendre. Reste malgré tous des moments spectaculaires, et c’est sûrement là que le film séduit le plus.
En effet, malgré une mise en scène un peu terne, le métrage a manifestement dû bénéficier d’un budget honorable, et il en résulte quelques scènes très réussies sur le plan du spectacle. Je pense à la tornade, dans la première partie du film, au duel à l’épée et au final digne du baron de Münchhausen. Même si Larry Semon n’est pas un grand réalisateur, il parvient à offrir quelques scènes fortes, et il peut s’appuyer sur quelques bons décors. Malgré cela, ça reste un peu insuffisant. Le film n’a pas réellement d’ambiance, le cadrage est souvent trop serré pour donner vraiment de l’ampleur aux décors, et on a l’impression que cet univers est de dimensions bien restreintes.
Reste le casting. Un casting éclectique pas déplaisant. Le plus connu du lot, sans nul doute est Oliver Hardy, méconnaissable en homme de fer blanc, et le réalisateur s’offre lui-même un rôle dans son métrage. Ce n’est pas pour rien je pense si l’épouvantail est un peu au cœur du film, vu que c’est Semon qui endosse ce personnage. Un peu grimaçant parfois, surtout tant qu’il est paysan, après ça s’améliore. Dorothy Dwan n’a pas grand-chose à faire dans ce film, c’est un peu frustrant, mais on aura plaisir à découvrir Spencer Bell, un des rares acteurs noirs du temps. Très expressif, il est plus qu’un second rôle quelconque. Les acteurs sont sans doute ce qui permet le mieux à ce film de susciter un intérêt, car force est de constater que dans l’ensemble ce n’est pas très prenant.
Il y a des muets fantastiques remarquables, car s’appuyant sur des ambiances très travaillées. Le souci de ce film c’est probablement ce déficit d’ambiance, accolé de surcroit à une histoire mal conduite et à une réalisation pas assez percutante et recherchée. Il n’y a pas grosse inventivité dans ce film, qui à l’instar de certains blockbusters actuels semble supposer que mettre des scènes à spectacle peut suffire pour susciter l’attention. 1.5 pour ces scènes, quelques acteurs, mais c’est un muet bien mineur.

Le principal intérêt de ce film réside dans le fait que cette version du "Magicien d'Oz" est une de ses nombreuses curiosités de la période muette du cinéma. Curiosité amplifiée par le fait qu'elle permet de voir l'acteur Oliver Hardy, sans son compagnon Stan Laurel, dans un rôle inhabituel. Autrement, on a le droit à une comédie délirante, très peu fidèle au roman de L. Frank Baum, très inégale que ce soit dans l'écriture scénaristique, le rythme du film, les rebondissements très répétitifs et une réalisation qui laisse parfois à désirer. De plus, le personnage du noir n'évite pas la caricature du "noir peureux" très en vogue à l'époque. Mais malgré ses (très) nombreux défauts, l'ensemble se laisse voir sans déplaisir.