"It's not a train, it's a prison word for ... escape." Midnight Express", 1978, pièce phare du 7ème art. En 1970, William Hayes, jeune étudiant américain de passage en Turquie est arrêté pour avoir tenté de faire passer deux kilos de haschisch alors qu'il essayait de rentrer aux États-Unis. Il sera ensuite juger en Turquie puis condamné à 4 ans de prison dans un premier temps, suite à quoi il fera appel et sera condamné finalement à 30 ans pour l'exemple. Hayes couchera plus tard son histoire sur papier dans son autobiographie: "Midnight Express". Et c'est cette autobiographie qui tomba entre les mains d'un certain Oliver Stone, la suite on la connait. Midnight Express est un film qui a marqué de son empreinte le cinéma et plus particulièrement le film carcéral/judiciaire. Alan Parker, avec toute la sensibilité qu'on lui connait a su insuffler toute l'humanité de cette histoire inhumaine. C'est le maître mot de ce film: humaniste. Et à ce titre empreint des plus forts sentiments humains; la dignité, la compassion, la pitié ... Et s'oppose à la fois une incroyable brutalité et une infinie fragilité. Le scénario est béton, la photographie est superbe et la mise en scène excellente. Ça commence fort avec la tension dans la scène de l'arrestation et ces battements de cœur oppressants puis plein immersion au cœur de la prison turque avec tout ce qui en découle: insalubrité, torture, entraide et amitié aussi ... Il y a des scènes terribles, la scène du parloir, le plaidoyer de Hayes et évidemment toutes les scènes de violences filmées avec encore une fois avec beaucoup d'authenticité, de façon brut. On pourrait diviser le film en deux parties, la première dans la prison et la deuxième
où Hayes est envoyé dans la section 13 et devient une espèce de zombie, une lente descente vers la folie
. La fin est assez inattendue
la façon dont il parvient à s'échapper (spécifique au film) est inopinée.
La seule chose qui n'était pas nécessaire peut-être est l'axe de l'homosexualité, fort crédible mais n'apportant au final pas grand chose à l'histoire. Le casting est magistral, le regretté Brad Davis en tête qui incarne à la perfection ce jeune homme dépassé, déboussolé et profondément ébranlé,
frisant même la folie à la fin de son incarcération
Loin de chez lui, dans un pays étranger où il ne comprend pas jusqu'à la langue. Il y met ses tripes et ça ressent à chaque scène. Quel dommage qu'il n'ait pas eu la carrière qu'il aurait mérité ensuite. Mention toute spéciale à un John Hurt bluffant également en Max, un vieil anglais toxicomane particulièrement touchant et attachant, complètement paumé dans cet univers. Et puis n'oublions pas Rifki et le bourreau qui sont excellents, haïssables au plus haut point. Et comme tout chef d’œuvre, il n'est pas étonnant que Midnight Express ait une B.O d'enfer, hautement récompensée, tout à fait atypique, électronique mais collant tout à fait aux sentiments du film, par Giorgio Moroder. Un classique.