"Diablo" est un film qui m'énerve. Vraiment, j'ai rarement vécu cela. Non parce qu'il avait vraiment le potentiel pour marquer le cinéma, pour donner un résultat de malade mental. Sauf que non, le scénariste, également producteur et metteur en scène de son oeuvre, envoit tout bouler, et bousille complètement son oeuvre. Comment a-t-il fait? Patience, je ne vais pas y répondre de suite. Parlons plutôt du reste, avant de le descendre pour de bon. Pour commencer, j'ai vraiment aimé le travail de réalisation; c'est efficace, varié, élégant. Non seulement les plans sont bien choisis, stables, mais, de plus, ils nous dévoilent des décors d'une beauté toute particulière; larges, grandioses, ils impressionnent plus que de raison. L'esthétique globale est elle-même très réussie, presque magnifique.Lawrence Roeck fait ici preuve d'un vrai travail sur l'image; loin de n'être faîte que d'un simple filtre terne ( comme la plupart des films que l'on voit de nos jours ), elle nous dévoile de belles couleurs, dévoilées avec choix, le tout n'étant point dénué d'un goût certain. Et c'est très agréable que de voir pareil résultat, un résultat tellement efficace qu'il viendra presque sublimer le tout, rendant les décors immensément plus grands, et encore plus esthétiques qu'ils ne le sont réellement. En soit, c'est impressionnant, surtout pour un film fauché comme celui ci. Et là, un aspect récurrent dans le film vient s'imposer à nos yeux : les références s'avèreront nombreuses, dans "Diablo". Attention, nombreuses, mais aucun rapport avec le plagiat; je tiens à le préciser. Parce que Roeck parvient à nous vendre une oeuvre talentueuse, inspirée ( dans les deux sens du terme ). L'on retiendra surtout une reprise des plans du "Seigneur des Anneaux" ( le Nasgul sur la colline ), de ceux des anciens westerns d'Eastwood père ( évidemment ), et, surtout, une grande influence trouvée chez Tarantino. Je l'ai déja dit, ce n'est pas du pompage; l'on essaie juste de s'inspirer du travail du maître pour pondre quelque chose de vraiment convaincant. Je n'ai pas encore vu le dernier Tarantino en date, "The Hateful Height", mais rien que la bande annonce fait penser à l'atmosphère de ce métrage ( notamment en ce qui concerne les plans dans la neige, et ceux surplombant les acteurs ). Forcément que c'est pas aussi bon, mais pour un si petit film, c'est franchement bienvenu. Parlons donc, à présent, des acteurs. Là, je dois bien avouer qu'il n'y a rien de bien folichon. Enfin, j'aimerai surtout préciser que le film est à voir en VO; la VF est merdique, c'est hallucinant. Mes oreilles saingnent. Les pauvres. Contrairement à l'avis général, je n'ai pas trouvé la prestation d'Eastwood si mauvaise. Honnêtement, je ne vois pas pourquoi tant de personnes l'ont à ce point critiqué; ai-je vraiment de mauvais goûts? J'espère que non... Ce serait bête pour vous ... Et pour moi, je vous le concède. Bref, le tout est que j'ai trouvé son interprétation très convenable. Imitant souvent son père ( détail qui se retrouve également dans la mise en scène ), il tient son rôle avec talent, nous livrant un personnage sombre et torturé. J'aimerai également souligné la prestation hallucinée de Walton Goggins, une nouvelle fois complètement taré ( pour changer ). Mais voilà, malheureusement, il est quelque chose dans ce film qui m'a déplu au plus haut point : son écriture. Non pas que ce soit véritablement mauvais, mais quand il s'agit de créer quelque chose, de le faire en partant de rien, Roeck manque d'imagination, de pertinence. Il ne sera en effet pas rare de constater que l'écriture globale manque de maîtrise, de finesse ( et ce notamment dans la première partie de l'oeuvre, majoritairement foirée ). Le point de pivot du film s'avère, à mon sens, également le détail le plus regrettable de l'oeuvre. Le soucis vient surtout du fait que ça arrive comme un cheveux sur la soupe, sans aucune justification ni préparation. Et c'est vraiment regrettable, parce que cela permettait à l'oeuvre de se démarquer des autres, d'amener un thème jamais vu ( ou presque, je ne saurai le certifier à 100% ) dans un genre overbooké. Bon, en soit, l'idée n'a rien d'original, mais dans le genre westerns, c'était du tout neuf. Une fois de plus, voilà quelque chose de regrettable, puisque l'effet, sur le moment, est tellement mal mis en scène, et amené, qu'il se révèlera nul, proche de la négation émotionnelle. Le soucis, c'est que cela donne l'impression qu'il manque quelque chose au film, qu'on a raté un évènement important; on est vite perdu, au point que la note baisse au fur et à mesure que le temps passe. En cela, je comprends ceux qui l'ont bâché, parce que c'est exactement ce que je suis en train de faire. Seulement, de nature plutôt tolérant, j'ai su dénicher le bon dans le film, pour ne point rester sur une mauvaise note. J'aurai pu, j'aurai peut-être dû, mais heureusement, j'avais le fond, la capacité de ne pas en rester là.