Sans doute un déçu de la première heure de Lost ou Game of Thrones, le réalisateur ne s'est pas encombré d'un scénario pour son film. Il n'y a pas non plus de continuité dans les comportements des personnages. Et encore moins de fil conducteur. Les scènes s'enchaînent telles des clips de publicité. Los Angeles, puis Rome, puis Naples, puis Rio, puis Londres. Les deux dernières permettent uniquement de caler l'incontournable scène de course de rue, une belle-sœur surprise pour Dom après un frère sorti tout droit d'un Kinder dans le 9, et le retour de Statham qui bascule du bon côté encore plus vite qu'Anakin du mauvais. Il n'y a aucune logique à ce que son ennemi Han (le chinois, pas Solo) vienne sonner à sa porte juste parce qu'il est fauché, pas plus qu'il n'y en a pour Cypher venant trouver refuge chez Dom en pleine nuit sans digeo (mais avec une blessure par balle accessoirement). On ne sait pas comment Dom peut voyager librement de Rome à Naples avant d'être accueilli en héros des favelas de Rio alors qu'il est recherché par la terre entière pour avoir faire voulu sauter le Vatican et sans que personne ne le balance. Il n'y a pas de justification à ce que le méchant du film ait attendu patiemment 5 films avant de se venger alors que cela semble être sa seule raison de vivre. Il n'y a pas de sens au fait que Dom et Letty ne se cachent plus comme dans le 9, alors que la menace Cypher est toujours présente. Quant à la chaise vide lors du classique barbecue et donc l'absence de Brian, il n'y a même plus d'explication (avec son histoire de babysitting dans le 9, le respect était déjà mort de toute façon).
Et c'est grâce à ce vide poussé à son paroxysme dans ce dixième opus que le film se révèle être une véritable prouesse cinématographique. Un vide que le réalisateur remplit avec une seule chose : du spectacle.
Aller voir Fast X au cinéma, c'est comme aller au cirque. Le grand méchant délirant joué à la perfection par Jason Momoa endosse le rôle de clown, multiplie les sourires flippants et les pas de danse pour notre plus grand plaisir. Les voitures rugissantes sont des lions domptés par leurs pilotes que l'on voit bondir dans les airs. Et avec la technologie 4DX, ce cinéma-là, qui chie à la gueule des scénaristes comme Emmanuel Macron à celle des français, prend tout son sens. Ça explose de partout à l'écran et les fauteuils dans lesquels nous pensions être tranquillement installés nous secouent, nous envoient valser les uns sur les autres. Les omoplates sont laminées de coups de poings, les cervicales sont littéralement broyées. J'ai vu du popcorn voler dans la salle, mes clés et mon téléphone portable sont tombés de ma poche en pleine séance, et un de mes amis, A.B., a fait le choix courageux de sortir au bout de 30 minutes de film car son bas de survet le faisait constamment glisser de son fauteuil (et aussi parce qu'il en avait marre de se prendre des tatanes dans le dos). Il y a eu des fous rires durant toute la séance et des applaudissements à la fin.
Alors oui, je le redis, mais avoir l'audace de casser les codes avec une intrigue inexistante, des personnages dénués de sens, des punchlines complètement cons, et malgré tout parvenir à faire de ce gloubiboulga informe un spectacle tonitruant de 2h20, prouesse technique !
Surtout, allez le voir en 4DX. Même si vous perdrez certains de vos amis en cours de route, votre ostéo vous remerciera.