Descendu de toutes parts, échec financier et appuyé par un 22% sur Rotten Tomatoes, « Dark Phoenix » s’annonçait comme une énorme purge. Et pourtant…
Après une mission difficile menée dans l’espace, les X-Men se retrouvent confrontés à une Jean Grey perturbée et destructrice…
La saga X-Men, malgré de nombreux handicaps connus en cours de route (coupes dans le budget et le planning, défection de Bryan Singer sur le troisième volet, un spin-off sur Wolverine plus qu’embarrassant, …), se sera révélée toujours assez intéressante, étant pionnière dans le souffle nouveau apporté par les comics books movies sur grand écran ainsi que dans sa manière de se renouveler. La nouvelle génération, amenée par le bon « First Class » et appuyée par l’excellent « Days of Future Past », avait réussi à apporter une certaine fraîcheur tout en amenant un passage de flambeau bien géré. Et si « Apocalypse » avait grandement divisé, il faut bien reconnaître que le film a de nombreuses qualités ainsi qu’un fond thématique qui arrive toujours à porter la saga (excepté une nouvelle fois « Origins Wolverine »).
C’est ce fond qui touche en premier quand on réfléchit au film, notamment dans sa manière de symboliser un arc narratif important dans le domaine du comics et traité par-dessus l’épaule dans l’oubliable « X-Men 3 ». Ici, on est face à une véritable réflexion amenée notamment par la popularité des mutants, imposant une relation compliquée avec les médias et le public, le tout dans un traitement pas tout à fait abouti mais enrichissant le propos du long-métrage. C’est ainsi qu’une scène de bagarre se révèle mieux aborder la division thématique qu’un « Civil War » avec plus d’intérêt que le film éponyme des frères Russo. Le tout est mis en scène par un Simon Kinberg qui, sans disposer de la force d’un Bryan Singer, arrive à conférer un peu plus dans la réalisation que de simples plans moyens, notamment en cadrant de manière serrée à de nombreuses reprises le visage de ses personnages.
C’est donc plutôt dans le traitement du Phoenix que le film tire son épingle du jeu, notamment par le biais d’une lecture féministe passionnante. La force destructrice de Jean Grey se retrouve ici symbolisée par deux formes de patriarcats : un se dédouanant de toute responsabilité et un se voulant plus positif mais dont la manière d’agir ne peut que conduire à une forme d’oppression plus insidieuse mais tout aussi négative. Le long-métrage y trouve une forme de densité narrative qui lui permet de s’inscrire dans les thématiques plus réflexives de la saga par rapport à d’autres films du même domaine plus inscrits dans le divertissement pur et dur (ce qui n’est pas nécessairement négatif, loin de là).
Las, si « Dark Phoenix » ne semblait pas trop rapide dans sa manière d’avancer et n’était pas marqué par ses nombreux ratés visuels (des effets spéciaux non finis) et narratifs (le personnage de Jessica Chastain n’est au final pas très élaboré, un comble pour les méchants de la saga), il serait sans aucun doute le film de super-héros le plus réussi de l’année ainsi qu’une conclusion forte à une licence qui va bien évidemment être rebootée pour le Marvel Cinematic Universe. Néanmoins, aussi imparfait soit-il, ce dernier ajout aux aventures des Mutants sur grand écran s’avère plus qu’intéressant et ne mérite clairement pas toute la haine reçue aussi bien par le public que la critique. Mieux vaut donc lui donner une chance, quitte à assumer que les errances du film font partie de l’intérêt prodigué par celui-ci…