X-MEN : Dark Phoenix : une transmutation féministe électrisante ?
X-Men: Dark Phoenix à l'origine nous devait plein de merveilles!, mais la brutalité dans l'exécution a rendu l'oeuvre un peu fade. Mais en y voyant plus clair, si on regarde le tout avec une certaine indulgence (abstraction faite de ses quelques défauts) on passe néanmoins un bon moment.
La mythologie des X-Men semble totalement changer de direction: elle emprunte un chemin de pensée jusqu'ici inexplorée, que l'on identifierait volontiers à un genre de féminisme criard, hasardeux!, autoritaire. Mais peut-on dire que cette Saga ne convainc plus? En tout cas ce nouveau opus semble ne pas être très apprécié ni par la critique populaire, et ni par le grand publique en sus de l'échec cuisant de son précédent opus X-Men: Apocalypse.
Cet esprit de synthèse enfermé dans un vocabulaire stéréotypé semble prendre une propension inutilement démesurée. Sans jamais passé à l'acte, il jette l'anathème sur le genre masculin en commençant par relever les failles de l'autorité patriarcale qui doit littéralement céder le pouvoir et l'autorité à la gent féminine. Dans une série de confrontation décérébrée, et sexiste: elle débute par une opposition idéologique franche entre Mystique et le Professeur Xavier, accusant ce dernier d'avoir mis en danger la vie des autres mutants lors de la mission de sauvetage d'astronautes de la NASA: un feu vert donné par le président de la république des Etats-Unis à Charles qui trouvait dans cette mission une opportunité de consolider les liens en ces périodes houleuses ou la coexistence entre Humains et Mutants peine à se faire valoir. Mystique entend par là! que les décisions prises lors de cette mission de sauvetage par Charles sont totalement discutables! parce qu'elles auraient mis en péril les principes sacrés des X-Men, que le professeur Xavier voulait s'attirer les bonnes grâces du président des Etats-Unis, en vertu de la gloire, de la domination et de l'assujettissement du genre féminin qui veut dorénavant prendre le contrôle du pouvoir sur les hommes.
Au fond tout porte à croire que X-Men: Dark Phoenix se lance dans une entreprise féministe qui relativise les bases du système patriarcal ''oppressive de la femme'' en convoquant en son centre la paternité en la personne du professeur Charles Xavier dans une tribulation qui l'oppose au portrait tout feu tout flamme d’une super-héroïne vengeresse (alias Dark Phoenix) devenue incontrôlable. Mystique quant à elle dans sa figure de style reflète l'image de la femme autoritaire, cette femme en quête d'indépendance, cette femme qui a mûrit: celle qui veut briser le carcan patriarcal en s'opposant constemment aux choix arbitraires de Charles (en sus d'avoir caché des vérités à Jean sur son passé) : elle veut s'affirmer en tant que femme libre, en tant que femme autonome, plus précisément celle qui veut s'échapper de l'ombre de la domination idéologique masculine. Un choix politique ambitieux! en réaction de la vague féministe qui secoue Hollywood depuis l'affaire Weinstein.
Hélas ce fût pas la finale espérée, cela ne devait pas se terminer ainsi... Cela ne devait pas se terminer avec si peu d'émotion, et si peu de sens. X-Men Dark Phoenix n'arrive pas à séduire quoi qu'il fasse de ses intentions: il échoue à combler le vide scénaristique dont l'intrigue principale semble se perdre dans un univers qui n'arrive plus à concilier ses choix: on a du mal à discerner s'il s'agit d'une histoire d'origine ou d'une finale de la saga, mais c'est sûrement une finale chaotique, et sombre... plus sombre qu'un Avengers: Endgame.
Mais néanmoins X-Men: Dark Phoenix réussit à tous les sens du terme sa mue féministe en mettant en perspective la situation féminine dans le cadre du modèle patriarcal. La métaphore du pouvoir du Dark Phoenix est un choix astucieux! parce qu'il met l'accent sur une certaine spécificité du prétendu pouvoir féminin longtemps mis en branle par la gent masculine par une forme de castration à affection interne et externe qui anesthésie la volonté féminine condamnée à incarner cette figure assujettit et prisonnière des considérations patriarcales trop protectrices. Et la femme quant à elle est impuissante, et tente à se faire valoir de ses droits et de ses principes. Une métaphore parfaitement illustrée par la mythologie X-Men quand Charles Xavier - pour des mesures de sécurité - décide d'ériger des barrières dans l'inconscient de Jean pour la préserver elle et des autres du pouvoir dévastateur du phoenix qu'il perçoit comme un danger. En éliminant provisoirement de sa mémoire toute trace de souvenir désagréable qui pourrait l'affecter soit directement ou indirectement. Bref une façon de canaliser (limiter) ce trop plein de pouvoir incontrôlable à un processus latent qui stabilise ses capacités psychiques qui partent malheureusement en vrille quand elle fût accidentellement toucher par un pouvoir cosmique dans cette mission de sauvetage où elle devient victime d'une force incommensurable, faisant d'elle une figure super-héroïque vengeresse en quête de sens et de responsabilité. Mais comme le dit la célèbre formule: ''un grand pouvoir implique de grandes responsabilités''. Et c'est à Jean de faire ce choix en commençant d'abord par distinguer ses ami(e)s de ses ennemi(e)s.
Bien qu'il soit axé sur le pendant féministe post-Weinstein: cet épisode ne semble pas pour autant abandonner son concept d'origine dans lequel la mythologie X-Men fût elle-même bâtit. Simmon Kinberg dans un soucis de préserver au fond l'esprit de cette saga, renvoie ceci à un choix idéologique et universel (toujours en effervescence) centré sur deux concepts fondamentaux d'une philosophie occidentale de l'Être et du Devenir: en convoquant au passage une forme de réflexion (non moins révolutionnaire) qui aura le courage de s'interroger sur le destin et les responsabilités féminines (en remettant en question l'autorité patriarcale), dans un monde où la liberté de la femme se retrouve cloisonner par des barrières morales (inventées de toute pièce par des simples d'esprits), l'empêchant de prendre son envol, que le pouvoir du phœnix illustre très bien.
Enfin X-Men: Dark Phoenix brille par son duo improbable Professeur X/Magneto (campé par un James McAvoy et un Michael Fassbender toujours aussi excellent l'un comme l'autre) qui forment l'esprit et le corps de cette saga. Et si cette dernière ressemblait à un organisme qui brille par le talent de ses protagonistes, Jean en serait parfaitement le cœur.
Et Malgré une prestation de Jessica Chastain (au style gothique) qui bat en retraite, cette dernière parvient néanmoins à insuffler une touche de fantaisie horrifique à cette saga plus sombre que d'habitude.