Tout au long de ce ‘Musée des merveilles’, la magie est latente, implicite, sous-jacente. Elle peut s’incarner dans l’apparition du son au cinéma, dans cette impressionnante maquette (réelle) de New-York au musée du Queens, ou dans les cauchemars peuplés de loups féroces du jeune Ben...mais il n’y a pas de fantastique à proprement parler dans l’histoire de ces deux enfants qui s’embarquent dans une odyssée new-yorkaise, l’un à la recherche d’un père inconnu, l’autre d’une actrice vénérée, à un demi-siècle d’écart On guette évidemment le lien, inévitable, qui ne manquera pas de renouer les fils des deux trames. Dans le script de Brian Selznick, auteur du livre pour enfants dont le film est tiré (mais aussi de ‘Hugo Cabret’, auquel ce spécimen ressemble parfois), on retrouve la logique du retour aux sources, qui anime ces enfants en quête de leurs origines pour pouvoir mieux appréhender l’avenir, cette même fascination pour les débuts du cinéma, cette même bienveillance globale envers l’humanité. Dans la mise en images de Todd Haynes, on notera que ce dernier filme New York, métropole agitée des Années folles ou chancre urbain décadent et sexy dans les années 70, aussi bien qu’un Woody Allen au sommet de sa forme aurait pu le faire. On appréciera aussi que la surdité d’un des enfants (Rose, en 1927) lui permette de jouer avec les codes visuels du Muet et, paradoxalement, ait donné lieu à un travail sur le son à la fois discret et essentiel, une ces trop rares atmosphères qui vous font décrocher de l’histoire qui se déroule à l’écran pour en savourer toutes les nuances durant quelques instants. Il existe malheureusement une autre raison qui fait que si ‘Le musée des merveilles’ était un livre, il vous tomberait des mains au bout d’une heure: si le film offre de multiples raisons formelles de se réjouir, on a peine à se passionner pour le récit de ces destins croisés, qui se développent sans parvenir à susciter beaucoup d’intérêt, de suspense ou d’émotions…