Dans le registre de la comédie régressive, on peut dire que "Blockers" fait très fort tant le film enchaîne les grossièretés et les séquences trash à un rythme soutenu et dans un climat général d'une extrême lourdeur et complètement hystérique. Au sein de cette orgie d'imbécilités
(le string de la fille dans la bouche du père, le gâteau gros seins, l'éjaculation en direct, le bière-fesse, etc...)
et de gags ratés
(les guillemets, le Colin-maillard nu, l'explosion de la voiture)
ne subsistent que quelques rares bonnes fulgurances
(la référence au Hobbit avec Smaug, l'interprétation compliquée des émoticônes par les parents, la scène post-générique)
. Concernant le scénario, on part typiquement dans tous les clichés américains, c'est-à-dire l'opposition entre des jeunes filles très ouvertes au sexe
(les 3 planifient leur première fois ensemble à l'habituelle tradition du bal de promo, le choix de l'université où va le petit-ami (UCLA))
et des parents grandement puritains quand il s'agit de leurs enfants. Passée l'exagération massive et vulgaire de la situation pendant plus d'1h20, au détour de thématiques mal exploitées
(le lesbianisme de Sam est torché)
et d'une finalité fortement banale
(tout s'arrange)
et à la mécanique narrative appuyée
(chaque parent a une discussion avec son enfant où les choses sont remises à plat)
, "Blockers" arrive quand même à délivrer 2-3 messages furtifs mais intelligents
(les ados veulent prendre leurs propres décisions, quitte à faire des erreurs; Ils sont souvent plus matures que les parents, trop protecteurs pour être objectifs)
. Côté casting, c'est pas brillant, à l'image de l'horripilant Ike Barinholtz (symbole à lui seul de la lourdeur) et de la mauvaise Leslie Mann. Je serais moins sévère avec John Cena, étrangement meilleur que les autres alors que ce n'est pas un acteur à la base, et dont le physique particulier et l'énergie incarnent idéalement le parent "gros sabots". En bilan, "Blockers" aurait pu être un bon film si il avait mis entre parenthèses les caricatures américaines, opté pour une distribution convaincante et choisit le registre de la comédie pour servir un propos un tant soit peu pertinent (qu'on aperçoit que brièvement) et non pas pour débiter des séquences humoristiques toutes plus pathétiques les unes que les autres.