"Alpha" fait partie de ces films qu’il ne fallait pas rater dans les salles obscures. Car sa grande force réside en l’esthétique visuelle. Quel magnifique spectacle ! Des images belles à en tomber par terre dans des décors à couper le souffle. Et ça commence pour ainsi dire de la première image… jusqu’à la dernière ! Ça en ferait de très beaux cadres pour la maison ou de superbes fonds d’écran. Pour tout dire, l’évasion est complète tant le plaisir des yeux est grand. Cela dit, ce n’est pas très étonnant en soi quand on voit qui a occupé le fauteuil de réalisateur : Albert Hughes, de retour au poste qu’il n’avait plus occupé depuis le très bon, l’excellent "Le livre d’Eli", déjà marqué par une esthétique visuelle assez bluffante. Eh oui, huit ans déjà qu’il n’avait plus tourné le moindre film. L’autre point fort du film est le rythme, que certains considèreront tout de même un peu lent. Moi je dis que le rythme a été imprimé selon le rythme de vie des tribus d’antan, lesquelles vivaient selon ce que la nature avait à leur proposer, avec beaucoup de respect envers elle, avec un brin de poésie en partie inspirée par l'héritage laissé par leurs ancêtres. L’autre point fort est l’histoire. Très belle, elle réussit à nous transporter jusqu’au bout de ce périple. Un périple au cours duquel on ne peut s’empêcher de penser que le jeune homme n’est quand même pas très dégourdi : entre le fait qu’il ne prenne pas de vêtements supplémentaires quand il en a l’occasion, et celui de rater aussi facilement ses proies… Mais ces maladresses ont le don de solidifier la communication entre Keda (puisque c'est ainsi que s'appelle le héros) et son compagnon de route. Il n’y a à qu’à voir comment le loup regarde Keda après avoir loupé le gibier ! Aussi belle soit l’histoire, "Alpha" n’est malheureusement pas sans défauts. Le premier qui saute aux yeux, ce sont les effets de style, et en particulier les ralentis. Le premier étant le moment où Keda se fait balancer, pour en arriver à un arrêt sur images. Bon pourquoi pas ? Après tout l’instant s’en trouve esthétisé au possible. Mais celui qui m’a le plus gêné, c’est ce ralenti utilisé quand l’animal canin saute pour tenter de briser la glace. A propos du (des) Canis Lupus, on voit par moments que ce sont des animatronics. Et puis… dans le genre amour homme/animal, on a vu bien plus émouvant. Je pense évidemment à l’exemple parfait : "Hatchi", ou encore "Mes vies de chien". La faute en reviendrait-elle au fait qu’on passe trop rapidement sur leur apprivoisement mutuel ? Pour ma part, j’ai trouvé que ça avait été vite en besogne, effectivement. Et en cela, je pense que 15 à 20 minutes supplémentaires n’auraient pas fait de mal sur cet aspect-là, d’autant que ça aurait permis au spectateur de s’imprégner davantage de cette amitié, de ce respect, de cet amour que se partagent les deux êtres vivants. Malgré ces défauts, "Alpha" est quand même un bien joli film et qui a eu son succès malgré l’appel de la PETA (association de défense des animaux) à boycotter le film suite au fait que cinq bisons ont été tués et partiellement écorchés durant le tournage d'une scène de chasse. Est-ce que cela va enterrer un possible "Alpha 2" que l’on devine déjà dans les tiroirs si on en juge par la surprise finale ? A moins que les producteurs avaient déjà décidé d’en rester là… En attendant une réponse qui ne viendra peut-être jamais, laissez-vous emporter par des images toutes aussi fabuleuses les unes que les autres, et par la très belle composition de Joseph S. DeBeasi qui accompagne bien le film, en particulier lors de la scène de chasse qui en ressort encore plus immersive.