Duval, employé de bureau terne et sérieux, traverse une mauvaise passe depuis deux ans : en burn out, puis alcoolique, il se remet mais ne parvient pas à trouver d'emploi. Quand il est embauché par une prétendue société de sécurité pour retranscrire des écoutes téléphoniques, le tout avec une forte rémunération, il accepte ce travail étranger et très contrôlé. Il ne sait cependant pas encore qu'il s'embarque dans une intrigue politique dont il pourrai faire les frais.
Inspiré des diverses affaires des années Sarkozy (écoutes de journalistes, effractions, affaire Khadafi), le film veut retranscrire une vision bien froide et cruelle du monde politique, et de ses petites mains et autres services secrets. Au milieu de tout ça, François Cluzet offre le tableau très convaincant (il faut dire qu'il joue souvent ce genre de rôle) du bon gars pris dans un terrible engrenage dont il ne maîtrise rien. Denis Podalydès est également très bon dans le rôle d'un homme menaçant et implacable. Après un début lent mais efficace, le film s'accélère, les différents évènements s'enchaînent et le personnage principal paraît sans issue dans un monde qui le dépasse, sensation accrue par des décors à la House of Cards, très gris, froids.
De l'affaire en question, on ne nous livre pas une vision précise (de mystérieux carnets, des doubles jeux, des meurtres, une prise d'otage en toile de fond), et contrairement à ce que j'ai pu lire de certains commentaires, cela ne me paraît pas une faiblesse scénaristique. Il s'agit de nous plonger dans des affaires dont on ne comprend pas tout, aux ramifications potentiellement tentaculaires, aux motifs incertains. En cela on partage le sort du héros, perdu et pris au piège. Comme dans la réalité, nous n'avons pas le fin mot de l'histoire et ne l'aurons peut-être jamais (malgré les très nombreuses révélations autour du dossier Sarkozy-Khadafi, il est probable que tout ne soit jamais clair). L'affaire présentée par le film, pour improbable que cela puisse paraître, est sans doute bien en-deça de la réalité de certaines affaires politiques. Reste un discours sur l'homme normal, embarqué contre son gré et victime des manigances des puissants, qui finalement n'en réchappe qu'en entrant dans le grand jeu de la manipulation...