Que pouvait-on attendre de Meilleur espoir féminin ? Difficile à dire quand l’on sait que Gérard Jugnot en est également le réalisateur et le scénariste (avec la complicité d’Isabelle Mergault). Avec un passé de bonnes comédies (Les Bronzés, Le père Noël est une ordure, Papy fait de la Résistance) et de réalisations peu mémorables (Pinot simple flic, Scout toujours, Casque bleu) qui n’ont rien à voir avec ce qui est dit sur le papier de ce film, on pouvait s’attendre en quelque sorte au pire. À une comédie à l’humour bien gras, qu’il marche ou non. Eh bien, vous allez voir que Meilleur espoir féminin n’est pas du tout de ce genre-là.
Et pourtant, tout portait à croire que ce film flirterait avec l’humour un peu lourd. Un sujet traité mille fois au cinéma (un père devant faire face à la volonté de sa jeune fille de le quitter pour se lancer dans une carrière de cinéma), avec des personnages hauts en couleur (le père étant un coiffeur, la mère qui revient juste pour profiter de la célébrité de sa fille, le réalisateur hystérique et qui saute sur tout ce qui bouge, le petit ami qui vient au salon de coiffure se faire une coupe juste pour voir sa bien-aimée...). Sans oublier les éternels moments clichés de ce genre de comédie (le père surprenant sa fille en train de tourner une scène de nudité, cette dernière couchant avec le cinéaste...). Tout y passe ! Et pourtant, dès le début, il est facile d’accrocher aux déboires de ce père aimant, très loin de la caricature. Car Meilleur espoir féminin se présente au final comme une petite comédie rudement bien écrite. Pas à la perfection, certains protagonistes ayant subi un traitement plutôt minime (comme le petit ami, qui est vite laissé en cours de route). Mais suffisamment pour que l’on s’attache à la difficile relation qu’entretient ce père avec sa famille. Pour que l’on comprenne à quel point son côté protecteur, parano (pas trop, finalement) est justifié. Il se montre bien maladroit avec sa descendance mais il le fait par amour. Ne voulant que le bonheur de sa fille. Un comportement qui aura droit à sa récompense, méritée, à la fin de cette histoire. Bref, Meilleur espoir féminin préfère utiliser les coulisses de la célébrité pour proposer une histoire qui se révèle être très touchante. Vraiment ! On ne peut que s’émouvoir, à un moment ou un autre du film !
Une sympathie indéniable que le film doit également à sa distribution. À commencer par Gérard Jugnot, premier du nom ! S’il peut souvent être considéré de prétentieux de voir un réalisateur jouer dans son propre film (et même d’y faire travailler ses proches, comme ici le fils), cela peut pourtant être le choix idéal, tant ce le cinéaste connaît ses personnages. Et ici, Jugnot s’éloigne de ses rôles de grands gueulards excentriques (notamment avec l’équipe du Splendid) pour mettre en avant toute sa bonhomie et son énergie pour composer un protagoniste tout ce qu’il y a de plus adorable. Et ce même si au début, il est préférable de vouloir repousser ce père excessivement protecteur. Un sentiment que nous partageons quelques temps avec sa fille, interprétée par alors la jeune Bérénice Bejo (que l’on retrouvera bien plus tard OSS 117 – Caire, nid d’espions et The Artist), naturelle au possible, dont le physique et la maturité de son personnage évoluera selon la célébrité grandissante de ce dernier (petite fille en imper et longs cheveux devenant sur la fin une véritable femme glamour en robe de soirée). À eux deux, ce tandem père / fille éclipse sans mal le reste du casting qui, il faut bien, le dire, a du mal à exister aux yeux des spectateurs. Tant leur rôle respectif n’est que secondaire pour l’histoire : Antoine Duléry en réalisateur coureur, Mohamed Hicham en petit ami...
Ne sortant pas des sentiers battus et ne proposant pas assez de personnages exploités comme il faudrait, Meilleur espoir féminin s’en sort pourtant avec beaucoup de savoir-faire en matière d’écriture. Et pour cause, on ne peut que s’attacher à ce père, à sa fille. Aux parcours qu’emprunteront ces deux-là chacun de leur côté. De leurs différents. De l’amour que porte l’un à l’autre. Touchant. Voici le maître mot de cette comédie qui fait la part belle aux bons sentiments sans jamais en livrer en surdose. Meilleur espoir féminin n’est pas une comédie qui fait rire aux larmes. Mais plutôt une histoire qui sait apporter ce petit rayon de soleil que l’on aimerait bien avoir tous les jours. Prouvant également que Gérard Jugnot peut faire autre chose que les rôles qui l’ont rendus aussi célèbres que ses compagnons du Splendid (Lhermitte, Clavier, Chazel, Balasko, Blanc, Anémone...).