Millenium : Ce qui ne me tue pas est l'adaptation du livre de David Lagercrantz, qui a repris la saga Millénium après le décès de Stieg Larsson. Le film de Fede Alvarez n'est pas un reboot de la saga, ni la suite directe du long métrage de David Fincher sorti en 2012.
Avant que Claire Foy ne soit engagée pour incarner la nouvelle Lisbeth Salander, Natalie Portman, Scarlett Johansson, Felicity Jones et Alicia Vikander ont été envisagées pour reprendre le rôle déjà tenu par Noomi Rapace et Rooney Mara.
Le tournage a commencé à Berlin en janvier 2018 et s’est terminé à Stockholm au mois d’avril.
Avec Millenium : Ce qui ne me tue pas, le réalisateur Fede Alvarez avait l'opportunité de se pencher sur le personnage de Lisbeth Salander qui le fascine et qui occupe le centre de l'intrigue : "Lisbeth est la raison pour laquelle j’ai décidé de faire ce film. Elle fait quelque chose que je trouve très pertinent par les temps qui courent : c’est une femme qui se dresse pour mettre fin aux abus. [...] Lisbeth se montre forte en refusant de devenir une victime. Quoi qu’il lui arrive, elle s’en sortira en se battant comme une lionne, et c’est ce que cette histoire montre encore plus que toutes les précédentes".
Le réalisateur reconnaît être un admirateur de Claire Foy depuis qu'il l'a découverte dans la série The Crown : "Dès sa première scène [...], je suis tombé totalement sous le charme de sa façon de raconter une histoire émouvante. Elle a la capacité d’exprimer une véritable marée d’émotions refoulées uniquement par son regard".
Sylvia Hoeks interprète un personnage qui n’existait pas dans les opus précédents de la saga, bien que Stieg Larsson y fasse référence dans ses romans originaux. L'actrice néerlandaise, découverte par le grand public dans Blade Runner 2049, a pu se laisser guider par son imagination sur le plateau : "Il y avait beaucoup de place pour l’improvisation. C’est ce que j’aime dans ce personnage dont nous ne savons pas grand-chose. [...] Il fallait que Camilla agisse comme un miroir de Lisbeth tout en étant très différente d’elle et en révélant des choses à son propos que le public espérait. Après avoir vu Lisbeth comme une dure à cuire pendant tellement d’années, on se pose beaucoup de questions. Qui est cette fille ? Comment est-elle devenue ce qu’elle est ? Quel genre de petite fille était-ce ? Entrer dans l’histoire sous les traits de Camilla en reflétant Lisbeth était une façon très intéressante de créer ce nouveau personnage. J’adore faire des recherches. L’aspect psychologique fait partie de ce que je préfère dans le métier d’actrice".
Fede Alvarez a réuni autour de lui le directeur de la photographie Pedro Luque Briozzo, le chef costumier Carlos Rosario et le compositeur Roque Baños avec lesquels il avait déjà collaboré sur ses deux films précédents, Evil Dead et Don't Breathe.
Briozzo revient sur leur relation : "Avec Fede, on se connaît depuis qu’on a 20 ans. On a commencé ensemble ; à l’époque il était monteur et moi assistant caméra. On voit les choses de la même manière, on aime le même genre de films. C’est un génie mais j’adore sa façon de travailler. Il nous motive, nous pose les bonnes questions, nous fait réfléchir. Si vous travaillez dans cet esprit, tout va pour le mieux".
L’histoire ayant lieu à Stockholm, Claire Foy a adopté un accent suédois pour le film avec l'aide du coach linguistique William Conacher, qui l’avait déjà aidée à créer son accent royal pour The Crown. Il explique : "Fede [Alvarez] m’a envoyé des vidéos Youtube de personnes dont il aimait l’accent, et nous avons décidé ensemble à quel niveau Claire devait l’adopter". Il a fallu 10 jours à l'actrice pour maîtriser pleinement son accent.
Si Fede Alvarez reconnaît qu'il accorde habituellement peu d'importance à l'apparence de ses personnages, le look de Lisbeth Salander était toutefois crucial dans le film, en particulier son tatouage : "C’était délicat, parce que quand les livres sont sortis, au début des années 2000, nous vivions dans un monde différent. Si vous aviez un tatouage, c’était un symbole de rébellion, vous l’inscriviez sur votre corps et revendiquiez votre différence. À l’époque, Lisbeth passait pour quelqu’un de dangereux, une anarchiste, mais aujourd’hui tout le monde a un tatouage, c’est difficile de choquer les gens de cette façon".
La responsable des coiffures et des maquillages observe : "Il y avait énormément d’options différentes au début. Une version avait le crâne complètement rasé d’un côté et était entièrement tatouée. Finalement, nous avons décidé de placer un tatouage sur le côté de son cou, un sur sa cheville, un sur ses fesses, un sur chaque main, deux sur son bras, et évidemment le dragon. La vraie question était de savoir à quoi celui-ci devait ressembler. Quelle est la bonne position ? Quelle taille doit-il faire ? Doit-il recouvrir tout le dos ou seulement la moitié ? Est-ce que la queue doit s’enrouler autour de son corps ? Et puis il y avait des questions techniques, et non des moindres étant donné que le tatouage devait être réappliqué chaque jour de tournage. Même lorsque nous avons commencé à trouver des réponses à ces questions, il y a eu des ajustements – un mélange de têtes et d’ailes venant de différents modèles".
Bien que l'univers de la saga Millenium soit brut et sombre, le chef costumier Carlos Rosario a conçu une Lisbeth plus accessible : "Nous voulions qu’elle ait plus de profondeur pour que le public puisse plus facilement s’identifier à elle. Nous nous sommes retenus d’aller trop loin dans le côté gothique et lui avons donné un look un peu plus motard".
La palette chromatique du film se compose du noir (les ténèbres), du rouge (le sang) et du blanc (la lumière et la neige). En oppostion à Claire Foy qui est en noir des pieds à la tête, Sylvia Hoeks arbore des cheveux d'un blond extrêmement clair, presque albinos. L'actrice s'est aussi décolorée au maximum les sourcils.
Le réalisateur tenait à tourner la plupart des cascades sur le plateau, sans avoir recours à des effets visuels ou des fonds verts. Pour une cascade en voiture dans un décor enneigé, l'équipe a eu recours à un "top rider", c'est-à-dire une voiture totalement fonctionnelle où le pilote est assis sur le toit et l’acteur installé derrière le volant fait semblant de conduire. Pour une autre scène, "nous avons pu faire rouler une voiture autonome à une vitesse folle – à plus de 140 km/h – et la faire se crasher", explique Florian Hotz, le coordinateur des cascades.