C’est avec "Tout mais pas ça" ! qu’Edoardo Falcone, jusqu’alors scénariste, a fait ses premiers pas dans la réalisation. C’était il y a près de 3 ans, le film étant sorti en avril 2015 en Italie, où il a d’ailleurs rencontré un grand succès. Depuis, Edoardo Falcone a réalisé un deuxième long métrage, "Questione di Karma", avec Elio Germano et Fabio De Luigi.
Difficile de faire plus désagréable que Tommaso : arrogant, sur de lui, ce chirurgien du cœur jouit certes d’une grande réputation dans l’exercice de son métier, mais il ne le sait que trop. Sans arrêt, il se montre blessant avec son entourage de travail, que ce soit le pauvre interne qui travaille avec lui ou une malheureuse infirmière qu’il trouve trop grosse et qui est devenue son souffre douleur. Les patients et leurs familles ? Il ne montre aucune empathie envers eux. Quant à sa famille, à part son fils Andrea qui poursuit de brillantes études de médecine, elle est loin de trouver grâce à ses yeux. Aucune tendresse envers sa femme Carla, si brillante et passionnée quand ils se sont connus, complètement éteinte après 30 ans de mariage, au point qu’elle en est venue à boire en cachette et à se consoler en « adoptant » de nombreux enfants du tiers-monde. Sa fille Bianca ? C’est vrai qu’elle se comporte souvent comme une parfaite idiote mais le comportement de son père envers elle y est probablement pour beaucoup. Quant à Gianni, son gendre, Tommaso a pour lui le plus profond mépris, au point de pouvoir lui dire en face qu’il n’aura pas beaucoup à se forcer pour jouer le rôle d’un frère attardé mental.
Concernant Andrea, le ciel est au beau fixe pour Tommaso. Lorsqu’il pense avoir compris qu’Andrea est gay, il organise sans état d’âme la réunion de famille qui devrait déboucher sur le coming-out de son fils, affirmant haut et fort que « l’important, c’est d’aimer ». Le pense-t-il vraiment ou est-il prêt à tout accepter de la part d’Andrea ? Eh bien, pas vraiment, car lorsque ce dernier avoue que c’est Jésus qu’il aime et qu’il veut devenir prêtre, Tommaso, dont on ne saura jamais s’il est agnostique ou athée, ne pense qu’à une chose : tout faire pour empêcher son fils de se consacrer à un métier qui, pour lui, n’a plus sa place dans le monde d’aujourd’hui et qu’il compare à affuteur de couteaux ou joueur de musette.
Pour son premier film en tant que réalisateur, Edoardo Falcone nous laisse sur une impression mi-figue, mi-raisin. En effet, "Tout mais pas ça !" nous gratifie de moments et de répliques vraiment très drôles, mais c’est au milieu de scènes beaucoup moins réussies : moins drôles, plus convenues, parfois presque ennuyeuses. On a même peur à un moment que la fin du film s’enlise dans un prêchi-prêcha très décevant. Heureusement, les qualités de scénariste du réalisateur lui permette habilement de conclure d’une façon qui ne fâchera ni les mécréants purs et durs, ni les catholiques les plus fervents. En résumé, Edoardo Falcone n’est pas encore au niveau d’un Dino Risi, mais "Tout mais pas ça !" est une comédie qu’on peut qualifier d’honorable.