Exemple le plus accompli de Blockbuster à la française - pour l’ampleur des moyens numériques déployés, pas pour leur réussite ou leur pertinence - ‘Alad’2’, enfin si ça ne vous dérange pas, je vais dire ‘Aladdin 2’, l’autre, j’ai l’impression que ça me rend complice du gag, est aussi celui de la faillite d’une certaine idée de la comédie familiale populaire. Pour le premier épisode, je m’étais dit, dans un accès de mansuétude, “Bah, ils auront essayé…� mais là, c’est juste pas possible, vous voyez : on peut faire semblant, on peut jouer la tolérance et le relativisme mais ça ne dure qu’un temps. Parce que ‘Aladdin 2’ n’est pas juste nul et intolérable à suivre en tant qu’adulte, il est aussi incompréhensible. Pour moitié, l’humour est juste à ranger dans la catégorie ‘pas drôle’ : on se demande ce qu’il peut y avoir de si hilarant à ce que Aladdin trouve un Capri Sun sans paille plastique dans le désert. On note que le fait que Jamel Debbouze charcute un mot sur deux aurait pu être un clin d’oeil passable à sa carrière passée si ce clin d’oeil ne durait pas une heure trente huit. Enfin, là, au moins, on comprend ce qui a été tenté et qui semble tout neuf (et peut-être terriblement ringard) aux yeux des pré-ados d’aujourd’hui. A d’autres reprises cependant, on reste juste là, abasourdi, les bras ballants, conscient confusément qu’un trait d’humour vient de passer mais incapable de comprendre de quoi il retourne, comme si ‘Aladdin 2’ parlait une langue inconnue, liée à un système de pensée inconnu...à la différence près qu’on ne se sent absolument pas obligé d’éprouver la bienveillance respectueuse qu’entraîne, chez les classes éduquées, l’incompréhension face à l’altérité. Sans doute conscient de sa propre nullité cosmique, ‘Aladdin 2’ tente également de jouer la carte du film d’aventures, et de faire de Kev Adams un personnage un peu héroïque et pas uniquement un ressort comique. Vous noterez que le point de vue à avoir sur cette tentative figure déjà dans la note d’intention. Au terme de cette épreuve, ma fille m’a confessé que c’était moins pire que ce qu’elle s’imaginait et qu’elle avait trouvé le film drôle à quelques reprises. Or, quel est le public-cible majoritaire d’un film comme Aladdin 2 ? Gagné, les 8-12 ans. En raisonnant en terme de stricte logique économique et marketing, on doit donc admettre que dans cette mesure, ‘Aladdin 2’ est “bien pensé�. Et c’est peut-être un des constats les plus terrifiants auxquels je sois jamais parvenu.