Pour son retour dans le rôle d'Aladin, Kev Adams se retrouve opposé à Jamel Debbouze, pour ce qui pourrait s'annoncer comme un duel d'anthologie. La phrase est volontairement au conditionnel, car le résultat est en dessous de bon nombre d'espérances. Et si les avis étaient mitigés sur le premier opus (Nous ne parlerons pas de la polémique nauséabonde qui précéda sa sortie !) Il avait tout de même le mérite de créer la surprise et de tenir un scénario qui pouvait réserver quelques surprises. Deux qualités qui manquent cruellement a cette nouvelle aventure qui voit Aladin se poser toujours autant de questions sur son engagement avec sa fiancée et dont la relation est soudainement mise en danger par l'arrivée d'un prétendant un poil revêche.
Bénéficiant du capital sympathie de ses deux acteurs principaux que sont Kev Adams (Tout Là-Haut) pour les plus jeunes et Jamel Debbouze (Asterix et Obelix : Mission Cléopatre) pour les plus grands, le film de Lionel Steketee, qui avait déjà signé le premier opus, ne parvient toutefois pas à masquer ses faiblesses. A commencer par son scénario qui ne semble jamais être totalement inspiré et surf inlassablement sur la même trame narrative que bon nombre de productions destinées au public du jeune humoriste : Il est amoureux, mais ne parvient pas à s’engager par peur de ne pas être à la hauteur des attentes de sa fiancée. Intervient un méchant qui va forcément obliger notre héros à s’assumer et à ainsi donner le meilleur de lui. Nous pourrions aisément passer outre un scénario un peu faiblard, si la mise en scène n’était pas également en manque d’originalité et ne cherchait inlassablement à accumuler les références sans grands panaches. Et ce n’est certainement pas la présence de Gérard Depardieu en « Christophe Colomb (Référence au film « 1492 : Christophe Colomb » de Ridley Scott) qui apportera un capital crédibilité.
En revanche, la mise en scène de Lionel Steketee qui fonctionne comme un numéro de clown atteint son objectif auprès des plus jeunes. La salle composée majoritairement d’enfants de moins de dix ans est très réactive et les éclats de rires fusent dès que Jamel Debbouze donne des coups de pied, maltraite ses gardes, fait des fausses cabrioles et s’oppose assez bêtement à Aladin qu’il appelle forcément : « Aladdinde ». Les gags visuels sont souvent plus réussis que les dialogues qui n’arrivent pas toujours à garder le rythme, notamment en utilisant le procédé cher à Paul Feig : « Le comique de répétition », dans lequel une scène semble s’immobiliser pour répéter plusieurs fois une réplique afin de surligner son effet comique.
En fait, nous pourrions dire qu’« Alad’2 » manque de tout et de rien. Le scénario sombre par un manque d’originalité et peut-être même d’ambition dans un ennui palpable pour peu que vous ayez plus de 10 ans. La distribution, hormis Jamel Debbouze, décidément très à l’aise dans le rôle de l’Auguste, manque d’énergie et parfois de justesse, à l’instar de Vanessa Guide (Comme des Garçons) qui rate toutes ses scènes quasiment avec un jeu proche d’un sitcom d’AB Production. Une petite pensée heureuse, tout de même pour Noémie Lenoir (Asterix et Obelix : Mission Cléopatre) qui a fait bien du chemin et nous offre l’un des moments les plus savoureux du film.
En conclusion, « Alad’2 » est une déception a bien des niveaux, car, s’il parvient à embarquer un public de moins de 10 ans, très certainement acquit à la cause de Kev Adams, il ne parvient ni à séduire un public plus adulte, malgré une évidente volonté de créer une adhésion parentale, par des clins d’œil que seuls les plus de vingt ans connaîtront, ni à masquer ses faiblesses, qu’elles soient scénaristiques ou de mise en scène. Le réalisateur ne trouve jamais le bon angle d’approche pour rendre son film originale et réellement drôle. Et même s’il joue beaucoup sur le schéma d’opposition des clowns : l’Auguste contre le clown blanc, force est de constater que l’ennui gagne plus le spectateur que le plaisir, au point de se demander s’il ne serait pas préférable de quitter la salle pour reprendre ses activités. Il semble peut-être nécessaire que Kev Adams et Jamel Debbouze commencent à penser à se renouveler, tant la recette commence à s’épuiser.