Le groupe hétéroclite d’une clientèle hasardeuse de bistrot se retrouve enfermé dans le bar : une bimbo exhibant ses formes dépourvues de fond, un ancien flic à peine fascisant, un VRP pervers, un clodot déglingué, la tenancière despotique et son employé compatissant, un étudiant (dé-)«connecté» et une vieille pingre. S’ils en sortent un tueur leur plombe la cervelle en direct, avant de réaliser qu’ils se trouvent dans l’épicentre d’une catastrophe virale et d’un plan de « nettoyage » gouvernemental exécuté par la Police elle-même. Peu importe ces confusions, car l’enjeu du film est de montrer les aptitudes du groupe à réaliser l’impitoyable étau, à élaborer des stratégies de défense tant communes qu’individuelles, à s’inoculer les insuffisantes doses de sérum dont ils disposent, et surtout à fuir par tous les moyens ce quartier promis à un imminent abatage d’Etat.
Dans cet effroyable triple huis-clos successif, fait d’alliances improvisées et révélatrices des pulsions humaines, la perdition vire à l’épouvante, à la psychopathie et au survival, sans jamais quitter l’humour méchant et excessif. Les enjeux composant l’horreur le devront à la propre humanité intime des victimes, avec ce qu’elle suppose de pourriture, égoïsme, prédation, instinct crasse de survie, mais aussi sentimentalité, beauté et noblesse, plus rares. Portrait(s) révélateur (s) des atouts et des abominations, cette formidable farce tragi-comique, magistralement déployée en mode horrifico-burlesque, illustre une fable moderne probablement plus profonde et réaliste qu’on ne le suppose.