Un film très émouvant et singulier. Un jeu d'acteurs très maîtrisé et engageant. Ce n'est pas un film de guerre classique : au contraire c'est un chef d'oeuvre cinématographique alliant poésie, lyrisme et la réalité historique de cette guerre terrible. Du grand cinéma.
L'apport historique des tirailleurs est considérable, et d'autant plus scandaleux sont les traitements que subissent les immigrés aujourd'hui. La mémoire du passé devrait être le moteur des attitudes du présent. On en est loin, l'heure étant plutôt au déni. D'où la nécessité d'y revenir et la pertinence des nombreux films qui aujourd'hui déterrent une histoire oubliée. (...) Mais Boucif ne fait pas que restaurer une page d'Histoire méconnue et volontiers mise de côté puisque la reconnaissance de l'effort militaire des colonisés aurait conduit à leur accorder davantage d'autonomie, voire l'indépendance. Il s'appuie sur la double absurdité de leur sacrifice, à la fois victimes de leur statut d'exploité et des fautes de leurs supérieurs, pour partager une subtile méditation sur un monde en dérive. Ces soldats deviennent peu à peu des fantômes d'eux-mêmes, condamnés à l'invisible et à l'oubli. (...) Dans les ocres et ces clairs-obscurs des nuits où s'enfonce le film, dans ces aubes de batailles qui dans la photographie de Michel Baudour virent au noir-et-blanc, la voix intérieure de Sulayman se fait méditation... (lire l'intégralité de la critique sur le site d'Africultures)