"Ocean's 8" devait être un film de braquage version trilogie des Ocean's au féminin. Si la seconde partie du contrat est respectée (dans la pure lignée des mouvements féministes qui pullulent en ce moment), il est fort décevant de constater que le scénario n'atteint jamais les réussites de ses prédécesseurs masculins. En effet, le déroulé est très classique, avec un talent par femme présente dans la bande, un plan de braquage relativement banal et très simple, peu d'imprévus
(l'aimant qui ferme le bijou, vite résolu grâce à l'irruption expéditive de la soeur de Nine)
et une fin alternant le prévisible
(Claude piégé)
et le bâclé
(le sur-vol final est mal inséré dans le film, au niveau d'un dernier quart d'heure dont je me serais bien passé)
. En bonus, le film ne fait pas suffisamment de liens avec la trilogie initiale (exception faite du personnage principale Debbie Ocean) et la mécanique hollywoodienne ne laisse aucune place à l'humour
(sauf la partie en français, Anna Hathaway parodiant les stars, le vomi)
et la déconne entre filles, alors que le casting et les situations offraient de belles possibilités à ce niveau. C'est bien simple, j'ai eu l'impression que le film voulait montrer des femmes trop sérieuses, histoire de les rendre crédibles vis-à-vis de leurs collègues masculins, une initiative malheureuse et qui a l'effet inverse, puisque ce film divertit nettement moins que ceux de Soderbergh. On retrouve ce sentiment mitigé dans la distribution, avec certaines actrices qui sortent du lot (Anne Hathaway, Helena Bonham Carter, Rihanna ou Mindy Kaling) et d'autres trop engoncées dans une posture rigide (Cate Blanchett, Sandra Bullock, Sarah Paulson). Niveau réalisation, Gary Ross ne surprend pas et insuffle du rythme très progressivement, avec entre autres une seconde moitié plus dynamique. En bilan, "Ocean's 8" gâche son potentiel fort par un manque de créativité et d'humour, ainsi qu'un militantisme de base qui s'avère être un frein. Anne Hathaway sauve le film quasiment à elle toute seule.