En toute logique, la franchise Ocean's aurait du mourir de sa belle mort voici déjà une dizaine d'années. Le modèle fondateur était sorti pile au bon moment pour révolutionner le film de casse et, si ses deux suites avaient laissé un souvenir moindre, elles avaient le mérite de suivre scrupuleusement la recette du premier épisode et surtout, elles pouvaient compter sur la présence de Steven Soderbergh aux commandes : d’ailleurs, nul hasard dans le constat que le meilleur film de casse des années 2010, 'Logan lucky', est lui aussi une production Soderbergh. Bref, on avait apprécié les Ocean's, grâce ou malgré leur côté clinquant et, au terme de ‘Ocean’s thirteen’ tout bon amateur de heist-movie avait pu sans remord passer à autre chose (au hasard, 'Logan lucky')...mais il est écrit quelque part que Hollywood ne laissera jamais les morts (rentables) reposer en paix. Revoilà donc la famille Ocean, en l'occurrence la soeur cadette de Danny, prête au casse du siècle avec une équipe réduite, ce qui sous-entend qu'elle est plus compétente que son frangin mais que le réalisateur, lui, est beaucoup moins apte à gérer un film choral imposant. Pourtant, Gary Ross applique fidèlement la recette Soderbergh, c'est un constat objectif, mais c'est comme s'il n'avait absolument pas compris ce qui, dans la recette en question, donnait toute sa saveur au plat. On se retrouve donc à suivre le classique schéma du recrutement des experts, de la mise au point du plan et de son exécution mais en version "sans" : sans panache, sans sens du timing parfait, sans décalage, la faute à une mise en scène plate et sans imagination, un humour aux abonnés (presque) absents et un Thrill-factor larvaire puisqu'il n'y aura pas grand chose pour dérégler la mécanique en cours de route et forcer l'équipe à improviser dans l'urgence. Evidemment, l'argument central de Ocean's 8 tient à la présence d'un casting intégralement féminin, ce qui permet au film de se positionner à peu de frais comme "blockbuster féministe". Quels arguments pourraient étayer ce statut féminin/féministe ? La démonstration claire et nette que les femmes valent ou surclassent les hommes, même dans le braquage ? Possible mais le film étant le plus faiblard de la série, il aurait du mal à valoriser ce point. Le fait qu'elles doivent davantage se battre pour faire aboutir leur plan ? Que la sécurité (forcément masculine) ne les prend pas au sérieux ? Pas vraiment. Au fait qu'on ait confié le film à une réalisatrice ? Hé ho, ça va pas bien ? Vous savez combien ça coûte un Ocean's, brâmeront en coeur les exécutifs des grands studios ? Non, c'est triste à dire mais le gyno-marqueur le plus évident de Ocean's 8, c'est que les filles ne braquent pas des coffres mais une exposition de bijoux. Parce que les filles, ça aime bien les bijoux.