Un film bien inspiré et bien fait, intéressant et divertissant. Pour un coup d'essai ce fut un coup de maître.
Juste une chose. Ce film présente le tabagisme avec une complaisance troublante. Un soucis de réalisme pourrait justifier que pour les années 70 et 80 on fume (à l’époque où l’industrie du tabac arrivait encore à cacher les ravages de son produit). Mais il n'apparaît pas évident que dans cette satire le réalisme soit le soucis premier. En outre les personnages principaux fument bien après, jusqu’à leurs vieux jours, et sans conséquence apparente pour leur santé. La femme, arrivée à 70 ans après avoir manifestement fumé intensément toute sa vie, a une voix de cantatrice. C’est juste impossible.
Une foultitude de gros plans sur l’allumage de cigarette, tabagisme omniprésent, surtout chez les héros, ça donne du style, de la contenance, un genre artiste, intellectuel, vivant, inspiré, amoureux, spirituel, libéré, cool.
Evidemment, c’est un choix déterminé de la réalisation. On sait que le tabagisme dans le cinéma provoque du tabagisme dans le public, surtout chez les jeunes. On sait que le tabagisme est une maladie contagieuse (contagiosité psychologique mais bien réelle) qui fait bien plus de morts que le coronavirus. On sait que l’industrie du tabac n’a pas plus de scrupule à détruire la santé et la vie de ses clients qu’à distribuer beaucoup d’argent sur et sous la table à tous ceux, législateurs ou influenceurs, qui peuvent servirent leur cause. Beaucoup de films récents, en particulier français, font ainsi la promotion du tabac de façon frappante.
Les responsables de ces films, producteurs, scénaristes, réalisateurs et CNC, ne peuvent invoquer l’ignorance. La liberté artistique a bon dos. D’accord pour présenter le tabagisme comme une réalité, un fait de société. Mais pourquoi choisir de présenter la devanture flatteuse et pas l’arrière boutique sordide quand on sait les conséquences massives et dramatiques sur la population? Combien de morts pour chaque film qui cède à ce travers? Combien de poumons détruits, de cancers, d’hospitalisations, d’admissions en réa, de nouveaux nés avec des problèmes, de sexualités défaillantes, d’AVC, de pertes de la vue, d’asthme, de pneumonies, d’anévrismes, de diabètes, et de dernières décennies de vie dans la souffrance? Voilà une statistique qui mériterait d’être faite.
Je ne suis pas du tout adepte des théories du complot, mais j’ai le sentiment d’être dans ce cas face à une évidence de corruption par l’argent la plus cynique qui soit. Pas vous?