Une véritable claque ! C’est très drôle, c’est aussi très violent, et c’est surtout diablement subtil. La violence, c’est celle des sentiments et surtout celle de l’amour. L’humour, lui, est piquant, à la fois potache au début, acerbe voire dérangeant à la fin. A l’image de Bedos, ici acteur, réalisateur et dialoguiste, homme ingénieux à la plume raffinée et acide - à la fois dans la vie et dans son film - Monsieur & Madame Adelman s’engouffre dans un tourbillon infatigable, tout ou presque y est traité, ou en tous cas le principal, le milieu intellectuel, la bourgeoisie, la religion, la dépression, la drogue, la naissance. Et surtout la politique, politique qui englobe le tout et constitue un cadre folklorique, hilarant, trouvant clairement écho dans cette campagne 2017 que nous vivons actuellement. Jamais la campagne de 81 n’aura jamais été aussi actuelle que dans ce film ! En réalité, si ce film n’est pas plus un film sur l’amour que sur l’écriture, la folie ou la politique, il a le mérite d’en pointer les contradictions (de l’amour) : l’homme aime sa femme parce qu’elle seule le comprend, comprend ses délires, ses influences, ses mots, mais il la « déteste » - de manière bienveillante, de manière maladroite - car elle seule, aussi talentueuse que lui, ne parvient pas à l’admirer. Et cette admiration, il en a besoin, sans doute car l’amour, pourtant passionnel, ne suffit pas ou plus. Pour camper ses deux personnages amoureux, fougueux, intelligents, Nicolas Bedos est magistral, Doria Tillier également, évoluant parfaitement avec les décors très bien reconstitués des différentes époques traversées. Le scénario, quant à lui, est parfait, et certaines scènes sont absolument savoureuses (Cf. la scène du dîner, lorsque Victor réalise l’embourgeoisent de leur couple, criant haut et fort « qu’ils ne vivent pas dans une plantation ! »). Pour finir, le final - quasiment une mise en abyme générale du film, en réalité - est délicieux ! Bref, un film drôle, très drôle même, mais dérangeant, incitant à la réflexion, à la réflexion sur les sentiments, sur la religion, sur la politique, sur le talent…Et du talent, ce film n’en manque pas ! Courez-y !