Et si la vie après la mort devenait une certitude scientifique ?
En parvenant à observer des ondes cérébrales s'échappant en même temps que notre dernier souffle de vie (à un niveau subatomique qu'on nous dira), le professeur Thomas Harbor apporte cette réponse ô combien monumentale au monde : oui, il y a bien un après qui suit notre petite virée sur Terre ! On ne sait pas trop de quoi cette vie post-mortem est faite ni où elle se situe mais peu importe, il n'en faut pas plus pour que tous les malheureux de la planète se jettent à corps perdu dans les bras de la Faucheuse avec l'espérance d'une existence meilleure dans l'au-delà. Le taux mondial de suicides atteignant des proportions de plus en plus démentes, le professeur Harbor n'a pas d'autres choix que d'accorder une interview télévisée six mois après sa découverte...
Et c'est sur scène d'ouverture redoutable que s'ouvre "The Discovery", nous plongeant immédiatement dans un monde glaçant où la frontière entre la vie et la mort est devenue obsolète par le fait d'un seul homme. On ne peut dès lors penser qu'il existe une possiblité pour que film puisse passer à côté de son sujet tant les promesses d'une réussite sont là...
Pourtant, Charlie McDowell va s'employer à nous démontrer que, même avec un pitch aussi séduisant que son casting, il existe tout de même des chances de délivrer un magnifique hors-sujet s'éparpillant dans toutes les directions possibles.
Prendre une romance née de ce climat de désespoir comme fil rouge à toute cette incroyable histoire, pourquoi pas (et c'est d'ailleurs la meilleure partie, merci Jason Segel et Rooney Mara), mais la noyer au milieu de pistes scénaristiques qui n'aboutissent jamais, nan, les gars, nan !
Parce qu'entre les traumatismes prévisibles de tous les personnages principaux, l'exploration d'un semblant de culte, la poursuite des recherches forcément intriguantes autour de la Découverte (la réponse fascinante au "où allons-nous ?"), une enquête qui prend la forme du plus banal des thrillers paranormaux et d'étranges touches comiques (la recherche d'un cadavre) qui tranchent complètement avec l'ambiance pesante, "The Discovery" se disperse beaucoup trop pour oser embrasser la plénitude de son sujet remarquablement aguicheur. On ne peut nier que de beaux/bons moments émergent ici et là et forcément la perspective de connaître enfin la nature de cet au-delà nous maintient en haleine mais tout cela est dilué de manière agaçante dans une espèce d'immense couloir de portes que l'on ne cesse d'entrouvrir sans jamais regarder vraiment ce qu'il s'y cache. C'est bien simple, "The Discovery" avait toutes les cartes en main pour fasciner et nous voilà en état de mort cérébrale, rongés par l'ennui et la vacuité, devant les trois-quarts de sa durée...
Il faudra patienter jusqu'au dernier acte, certes un brin prévisible, pour qu'enfin le film décolle vraiment en conjuguant son histoire d'amour aux ramifications tant attendues du regard humain sur cette frontière de l'inconnu enfin franchie. Émouvante et joliment mise en scène, cette conclusion n'en restera pas moins peu originale par la notion de sacrifice qu'elle induit, bien trop souvent utilisée dans ce genre d'intrigue sentimentalo-SF pour provoquer l'émotion.
"The Discovery" est donc une semi-déception qui s'égare souvent pour exploiter ne serait-ce qu'un dixième de l'intelligence entrevue dans son point de départ brillant. On a presque envie de mettre tout un tas d'électrodes sur la tête du réalisateur pour lui donner une seconde chance de réussir son coup dans une autre vie car cette "Discovery" avait tout pour être un petit classique en puissance et méritait un bien meilleur traitement ou simplement quelqu'un de plus à même d'en retranscrire tout le potentiel. Frustrant.