Trois ans plus tôt (eh oui déjà), le petit ours Paddington était présenté au grand public par l’intermédiaire de l’adaptation du héros de la littérature enfantine raconté en une vingtaine de tomes. Autant dire qu’avec une œuvre littéraire pareille, ça ouvre bien des possibilités aux scénaristes. C’est sûr, ces derniers ont du pain sur la planche, poussés par les producteurs avides de rééditer le succès du premier opus. Les présentations ayant été faites, la suite des aventures de petit ours s’annonce plus relevée et peut commencer tout de suite. Le moins qu’on puisse dire, c’est que c'est relevé. Et ça démarre bien ! Paul King a été remis aux commandes pour la réalisation, et celui-ci commence tout de suite sur un flash-back pas forcément utile pour ce qui va suivre. Mais peut-être est-ce une façon de marquer de futurs points de départ. En attendant, cela permet de constater les prises de vues soignées, certes aidées par des décors de rêve. Mais revenons à Londres voulez-vous ? Quoique nous n’avons pas vraiment le choix, puisque le film y revient sans tarder… pour y vivre une histoire digne des plus beaux contes, sans être dépaysé du fait que les mêmes acteurs constituant le foyer de Padddington ont été reconduits. Rapidement, ce petit ours indécrottablement gentil, respectueux, poli mais aussi naïf, régale le spectateur de ses facéties. C’est vraiment un plaisir pour tous, petits et grands. Car son envie de bien faire est plus forte que tout, ce qui ne manque pas d’attendrir le spectateur. Alors quand en plus ses exquises maladresses (parfois aux conséquences désastreuses) font mouche, comment ne pas en rire tendrement ? Toujours est-il que se dévoile alors un vrai trésor d’inventivité pour le coup bienvenu, et qui semble placer la barre très très haut. Donc jusque-là, tout va bien. C’est après que les choses se gâtent un peu. Dans le rôle du méchant, Hugh Grant remplace en toute logique Nicole Kidman. Ben oui, maintenant Paddington est bien installé dans le quartier résidentiel habité par les Brown, finalement aidé par la basse convoitise de cette fille à papa mise hors d’état de nuire. Le problème est que Hugh Grant en fait des tonnes. Un peu trop à mon goût. Je veux bien que les personnages sortent d’un livre pour enfants, mais quand même ! Le sien ressemble plus à une caricature qu’autre chose. Continuellement vêtu de tenues kitsch, il est certes un acteur raté (alors qu’il se croit excellent… ben forcément hein), obligé de faire le fanfaron de foire sur les places publiques et de tourner des pubs ridiculeusement ridicules à la télévision pour survivre. Cependant, son traitement le rend tout de suite antipathique et le spectateur devine tout de suite qu’il va causer des problèmes à ce petit ours. Et pas des moindres ! Notre chouchou va être confronté à un environnement pas fréquentable, dans lequel la farce a vite fait de prendre le dessus dans la cantine avec l’entrée en scène du cuisinier (Brendan Gleeson). Celui-ci est également un chouia caricatural, tout comme Phoenix. D’accoooord, le spectacle s’adresse d’abord aux plus jeunes d’entre nous, je sais. Mais j’ai quand même eu la sensation qu’ils étaient pris un peu pour des neuneus. Peut-être que c’est moi qui n’ai pas gardé suffisamment mon âme d’enfant… Pourtant je l’ai, mais… Dois-je préciser que j’ai constaté une nette baisse de rires dans la salle par rapport au début ? Quoiqu’il en soit, la recette fonctionne, surtout dans un contexte de décors on ne peut plus british alors que ceux-là mêmes contrastent avec les véhicules bien de notre époque. C’est frais, c’est léger, et le ton donné est digne des livres pour enfants. Pourtant, je n’ai pas pu m’empêcher de me demander comment les quatre compères ont pu retrouver leurs fringues, normalement sous bonne garde. De même que je me suis interrogé sur le clin d’œil adressé au chef d’œuvre "Les temps modernes" de Charlie Chaplin en faisant évoluer Paddington dans un engrenage à roues dentées. A cela on rajoute une fin certes prévisible, mais en aurait-il pu être autrement ? La réponse est non, bien entendu. Dans tous les cas, cette suite est à la hauteur de son aînée et donne une nouvelle bouffée d’air frais qui a le mérite de nous oxygéner au milieu des films sérieux de plus en plus nombreux à s’inspirer de faits réels. D'autant plus qu'elle se termine sur une chorégraphie humant bon les comédies musicales d'antan jouées à Broadway (durant le générique de fin). Et puis… finalement, entre nous : ce n’est pas plus mal de retomber en enfance de temps à autres… vous n’êtes pas d’accord ?