Louise en hiver est, avant en tout, selon moi, un film de fantômes. Louise, qui n'est plus reconnue par ses pairs et qui semble vivre les événements de sa vie en cycle réitéré, est comme un spectre qui veut se croire en vie. Laguionie montre parfaitement, et c'est la grande force du film, les souvenirs de la vieille dame avec la plus grande des sensibilités dignes du scalpel. Dans ces moments, Louise en hiver est très personnel, aux images fulgurantes et d'une grande beauté. Ironique est la rencontre de la jeune fille avec un squelette pendu aux arbres, comme témoin étalon d'un temps figé auquel la femme se raccroche. Le film évoque tour à tour Shining et son hôtel où habitent des fantômes et quelques épisodes de la quatrième dimension (le temps momifié, la ville désertée, la confusion des souvenirs et de la réalité). La rencontre de la vieille dame et du chien, qu'on imagine puant le mouillé, mais très touchant, est superbe. Dommage que le récit, parfois trop contemplatif, tourne parfois en rond, on attend des surprises qui ne viennent pas. On aurait aimé plus d'affrontement avec les éléments comme le début du film pouvait le laisser prévoir. Le tableau, film précédent du cinéaste, était plus fort, plus délirant. Saluant aussi la beauté du dessin, de la lumière et de la juste utilisation de la musique. Catherine Frot, à la voix méconnaissable, campe très bien une vieille dame touchante. Un bon film d'animation qui montre la qualité de la France dans ce registre après les beaux La tortue rouge et Ma vie de courgette.