Paul Vecchiali est à l'heure du bilan. Il se regarde vieillir, s'écoute vieillir, dans cette belle maison où son fils, Laurent, le rejoint pour passer avec lui ses quelques derniers mois de vie. Le bilan n'est pas que personnel. Le réalisateur fait un bilan nostalgique d'un certain cinéma français, Jacques Demy pour ne pas le nommer, en insérant dans son film une série de chansons à la manière des "Demoiselles de Rochefort", et surtout en glissant sur la table de Marguerite (jouée par Deneuve, comme d'habitude, parfaite) un portrait du cinéaste. "Le cancre" ne raconte rien d'autre que la maladie, le corps qui se défait avec le temps, et les regrets amoureux qui perlent à l'aune de sa vie. L'idée est naturellement intéressante et il est difficile de dire du mal d'un tel réalisateur. Mais hélas, l'œuvre s'étire dans une série d'invraisemblances (comme cette histoire d'huissier qui signe sans doute un pied de nez du réalisateur aux difficultés qu'il a rencontrées toute sa vie pour produire ses propres films), des dialogues à n'en plus finir, trop écrits, une mise en scène inexistante, et surtout une longueur qui aurait mérité des coupes. Vecchiali fabrique ainsi un film profondément démodé, arrêté à la Nouvelle Vague. Heureusement, Pascal Cervo habite avec grâce et dévouement ce film, jouant les dandys paresseux. Bref, malgré la formidable palette d'acteurs dont le réalisateur s'est entouré, "Le cancre" ne parvient pas à convaincre.