J’ai beau être très intéressé par l’Histoire, je dois bien avouer que j’ai toujours une petite crainte à aller voir un film qui traite d’un événement historique. Trop souvent le même piège : insister sur l’Histoire et oublier le film. Combien d’auteurs se sont-ils cachés derrière la force évocatrice et solennelle des événements pour justifier une forme paresseuse et un propos plat dénué d’intérêt et d’originalité ? Si je précise tout cela avant de vous parler de ce « Vent de la liberté » c’est parce qu’à première vue, ce film de Michael Herbig avait l’air de cocher toutes les cases de ces films qui me rebutent : une ode à ces gentilles victimes du méchant communisme qui ont risqué leur vie pour la plus belle des valeurs : la liberté. Et tout ça s’inspire d’une histoire vraie mesdames et messieurs ! Seulement voilà, dès le premier quart d’heure, ce « Vent de la liberté » a su agréablement me surprendre. La phase d’exposition est habilement dissoute dans une scène introductive qui pose tout de suite l’action centrale : l’évasion. Pas de moments interminables passés à présenter les personnages, leur situation et à insister sur les raisons qui les poussent à fuir avant qu’enfin on nous déroule toutes les étapes attendues de la concrétisation de leur plan. Non, rien de tout ça. On est tout de suite dans le vif du sujet ; dans la tension annoncée. Les quelques détails nécessaires à la mise en relief de l’intrigue sont habilement disséminés au milieu de toute cette phase d’action. Et ce travail est étonnamment bien dosé. Ça l’est d’abord dans le contenu, puisque l’air de rien de nombreux éléments d’intrigue contrebalancent souvent la pertinence de l’évasion (
le fait que Frank doive tirer un trait sur son début de flirt avec sa voisine ou bien encore le fait que Günter doive tirer un trait sur son père
). Mais c’est aussi bien dosé au niveau de la forme puisque le rythme insufflé dans cette introduction est suffisamment soutenu pour assurer une véritable tension dès le début du film, mais il est aussi suffisamment aéré pour nous laisser le temps de prendre le train en route et de saisir tous ces éléments d’intrigue qu’on nous a laissé sur le chemin. Et à dire vrai, cette introduction résume à elle seule toute la démarche du film. J’avoue que j’ai été assez saisi de la capacité de ce « Vent de la liberté » à ne jamais se reposer. La menace est toujours présente. Il faut agir vite. Prendre des décisions à l’issue incertaine. Ainsi le film sort des sentiers attendus et parvient en conséquence à instaurer un vrai suspense. Mieux encore, il parvient à nous imprégner de cette oppression permanente et insidieuse qu’instaure l’Etat est-allemand sur sa société. D’ailleurs l’échec est régulier pour nos héros. Il faut souvent savoir reculer ou fuir. Cela fait habilement sortir cette intrigue d’un rail narratif qui tuerait toute possibilité de s’émouvoir de ces péripéties. Alors après, au-delà de ça, cela n’empêche pas ce film de flirter parfois avec ce que je craignais le plus : le recours facile à la puissance émotionnelle que génère de l’événement historique traité. Cela se ressent notamment dans la réalisation et surtout la musique, très américanisante, qui vise parfois à surligner inutilement les moments de tension et d’émotion. Mais bon, l’un dans l’autre ces écarts sont compensés par un vrai sens de l’équilibre. Equilibre entre la petite et la grande histoire d’abord. Chaque personnage parvient à exister singulièrement à l’écran, quelque soit le camp, et ça c’est un vrai plus. Equilibre aussi dans le propos, ou parfois quelques questions vraiment intéressantes sont posées sur cette mécanique de répression et cela, la plupart du temps, par un personnage d’opposant plutôt bien pensé, mesuré dans ses aspects… Ainsi, à bien tout prendre, ce « Vent de la liberté » se révèle être un film tout ce qu’il y a de plus efficace. Et même s’il n’a pas su apporter cet élément qui – un peu à l’image d’une « Vie des autres » – fait qu’un film historique nous révèle soudainement quelque-chose de très fort sur l’humain, il a au moins ce mérite d’être parvenu à traiter d’une question classique de manière dynamique et incarnée. Rien que pour cela, cela peut donc valoir le coup de se laisser porter par ce « Vent de la liberté »… Mais bon, après ça ne reste que mon point de vue. Donc si vous n’êtes pas d’accord et que vous voulez qu’on en discute, n’hésitez pas et venez me retrouver sur lhommegrenouille.over-blog.com. Parce que le débat, moi j’aime ça… ;-)