On s’installe dans un nouveau film de Cédric Klapisch comme dans une pantoufle : dès les premières minutes, on y retrouve tout ce qu’on connait sur le bout des doigts, cette musique, cette voix off et ces personnages qui ne savent plus trop où ils en sont dans la vie et ressentent le besoin de faire le point. Cette fois, il s’agit de Jean, fils de viticulteur, qui est allé se construire à l’autre bout du monde pour échapper à l’héritage paternel et revient en terre bourguignonne pour se découvrir orphelin et plus ou moins obligé d’aider ses frères et soeurs à faire tourner le domaine tout en réglant les problèmes de succession. Au bout de deux ou trois dizaines de minutes, on retrouve aussi les aspects plus négatifs du “style Klapisch�, ceux qui peuvent expliquer que, personnellement, je n’ai jamais été convaincu par la trilogie commencée avec ‘L’auberge espagnole’ : un certain simplisme, une naïveté occasionnelle, un goût pour le concret à gros sabots et pour les aphorismes pas toujours inspirés, et aussi cette éternelle tendance à vouloir être trop sympa avec tout le monde puisque Klapisch rend ici hommage à la tradition et au terroir, à l’agriculture bio, à la femme , aux liens du sang, à l’amitié, à la famille d’origine, à la famille d’adoption...stoooop, n’en jetez plus : on en deviendrait presque heureux de découvrir, au détour d’une scène, un beau personnage de vigneron plouc, âpre-au-gain et adepte de l’épandage chimique. Au moins, le réalisateur prend-il le temps de développer les tempéraments et les relations familiales entre tous les personnages puisqu’il ne s’agit au fond que de ça : un drame de province, “Qualité Française� mais moderne, optimiste, raisonnablement émouvant et pourvu d’un humour bon enfant...et en fait, le résultat se montre plutôt convaincant, à fortiori puisqu’on sait que Klapisch ne sera jamais du genre à bouleverser les règles de son cinéma de fond en comble. En tout cas, ‘Ce qui nous lie’ m’a séduit, même si avec le vin en toile de fond, il y avait des chances que cela me touche plus qu’avec la culture de la betterave. Comme en contrepoint de ces tracasseries humaines, Klapisch filme les coteaux de Côte-d’Or soumis à l’alternance des saisons, comme une exaltation de la France éternelle : ce n’est pas réac’, juste beau.