Au soleil d'un paisible Sud, la passion dans sa version terne et ridicule. On rit quelquefois et, la plupart du temps, on regarde le film d'un air détaché, happé ici par la mélancolie ennuyeuse, là par la facétie théâtralisée. On se laisse posséder par le jeu étrange de la répétition du même échange, mais d'un autre point de vue; qui dit vrai, qui dit faux? Dialogue de sourd d'un couple vacillant, qu'un lien frustrant mortifie. Et puis arrive le comédien et puis le militaire. Tout est volontairement posé, sec, froid et le texte surexposé. On se laisse néanmoins bercer par le rythme lent, très régulier, traversé par le sentiment de manque, de regret, d'abandon, de quête difficile, et ponctué par la nonchalance mélancolique de séquences musicales. Le scénario trace des voies qui semblent brouillonnes, on s'y noie un peu. La queue de poisson, à indice ténu, nous laisse avec l'impression d'un exercice un peu vain
, où thanatos finit par avoir raison d'un éros qui joue le jeu du rêve, de la passion mais en pure perte et ratage car son chemin ne débouche que sur l'absurde
. Paul Vecchiali livre ici une vision bien négative de l'amour passion, une passion même pas vraiment charnelle, qu'il réduit à la symbolique de quelques clichés ridicules. Paradoxe d'un rouge désolant. Ce n'est pas un film qui valorise l'amour: il le montre comme une futilité idiote jouée par des sortes de pantins perdus. Même en extérieur, tout se joue en vase clos, de manière théâtralisée, minimaliste, sans autre vie que quelques ardeurs gracieuses et pirouettes farceuses. Le désir du réalisateur de faire ressentir cette peur ne passe pas car le tout manque cruellement de vivacité et de vérité.