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Yves G.
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2,0
Publiée le 24 février 2016
La Birmanie (ou le Myanmar selon la terminologie officielle) s’ouvre au monde. J’ai eu la chance de m’y rendre en mai 2013. Dans les rues de Rangoon (qui, comme chacun sait, n’est plus la capitale, délocalisée à Naypyidaw), des bouquinistes vendent des vieux livres poussiéreux. Au touriste occidental, rapidement identifié à ses longs cheveux blonds (si si !), ils proposent un livre et un seul : Burmese days (Une histoire birmane) de George Orwell qui servit dans cette colonie de la Couronne britannique entre 1922 et 1927.
Le film-documentaire d’Alain Mazars tisse deux histoires : celle du séjour de George Orwell dans cette inhospitalière colonie et celle de la Birmanie contemporaine.
La première n’est quasiment pas documentée : aucune photo – sinon un portrait de groupe flou – plus de témoignage écrit, rien que le roman susmentionné publié en 1934 et éclipsé par La Ferme des Animaux et 1984.
Pour raconter la seconde, Alain Mazars refuse deux facilités : la collection de cartes postales (filmer Rangoon sans montrer la pagode Shwedagon, c’est comme filmer Paris sans Tour Eiffel) et le discours militant. C’est plutôt à une exploration onirique que nous sommes conviés. Alain Mazars imagine que George Orwell s’est réincarné dans la Birmanie contemporaine. Il part sur les traces de sa vie antérieure et cherche les réincarnations de ses personnages : qui serait Winston, le héros de 1984 dont le seul crime est de tenir un journal intime ? qui serait O’Brien, le traître qui se fait passer pour ami ? qui serait Goldstein, le chef de la rébellion (inventé par Big Brother pour servir de bouc-émissaire à la haine populaire) ?
Une Histoire birmane – comme Dakar, ta Nostalgie dont j’ai parlé récemment ici – est peut-être victime de son exigence. À force de vouloir éviter les lieux communs et les facilités, elle entraîne le spectateur vers une abstraction désincarnée.