En 1999, "Le projet Blair Witch" innove le genre horrifique avec le found footage (caméra embarquée renforçant le réalisme de la situation), dispositif empruntée de nombreuses fois depuis (Rec, Cloverfield, Paranormal Activity, Sinister,...) et qui, dans cette suite, s'épuise. "Blair Witch" va à l'encontre de son prédecesseur sur de nombreux points : l'implicite tant stressant du premier devient explicite, l'aspect documentaire se transforme en ballade dominicale dans les bois filmée en caméra HD et la lucidité curieuse face à une légende laisse place à une inconscience crétine face au danger. Ici, on retrouve le petit frère d'Heather Donahue (la jeune femme du premier), disparue en 1994 avec ses deux amis dans la forêt de Black Hills, qui décide de partir passer une nuit avec ses copains où des rushs de sa sœur ont été retrouvés par deux jeunes de la région. Le fait que les recherches sont restées vaines par les autorités pendant des années et qu'aucune maison n'a été retrouvé dans la forêt n’effraie en aucun cas ce groupe de jeunes robustes qui n'ont peur de rien ! Les personnages sont insouciants (comme d'habitude j'ai envie de dire) offrant pour le spectateur un début des plus clichés et des plus insupportables qui soit pour un amateur du genre : zéro jugeote, dialogues qui sonnent encore plus faux avec le found footage (le niveau de jeu ne dépasse pas "Au nom de la vérité"...) se résumant bêtement par "Et si nous allions camper dans une forêt hantée sans prévenir personne pour retrouver ma sœur disparue depuis 22 ans ? Et au pire si on se perd, c'est pas grave on a le GPS et un super drone dernier cri !". En passant outre ces éléments catastrophiques, les scénaristes ont tout de même réfléchi à approfondir quelques indices clés faisant échos au premier film (
sorcellerie vaudou, bruit de pas dans la forêt, la maison en ruines, confusion temporelle et impossible de retrouver son chemin, on en apprend aussi plus sur la position dans le coin face au mur de la fin du premier film
) et suite à la légende racontée par le jeune homme du coin, d'autres éléments viennent s'ajouter comme
les arbres qui bougent et des apparitions explicites de silhouettes étranges dans les feuillages et surtout une forme corporelle pour la sorcière
. L'angoisse pointe tout de même le bout de son nez dans les vingt dernières minutes où les jumpscares s'enfilent à la chaîne, réhaussant le niveau général sans pour autant nous faire oublier les maladresses précédentes. Le final est plutôt réussi bien que plusieurs points restent flous ou mal explorés comme
le jeune homme qui dit obéir à la sorcière en voulant tuer les autres et qui semblent vivre dans une autre temporalité ainsi que les petits trucs vivants qui rampent sous la peau, les silhouettes autre que la sorcière, le found footage du début qui est en fait celui de la fin et l'apparence physique de la sorcière qui reste très grossière
. La caméra embarquée part moins dans tous les sens que d'habitude, formant des mouvements plus fluides et nettes (c'est un bon point). En gros, la catastrophe est sauvée de peu par des nouveaux éléments qui mettent en haleine, bien que servis par un groupe de jeunes ignorants.