Le très malin “Patients“ est une ode à la vie fracassée, au quotidien de l’handicap et de sa reconstruction, le tout avec un humour ravageur ponctué de moments poignants d’émotion. La douleur n’est jamais bien loin dans cette forme de huis-clos, où tous les personnages semblent enfermés dans l’enceinte de l’établissement médical, dans l’espoir (lointain, promis ou vain) de pouvoir y sortir partiellement rétablis. Les douleurs physiques comme les douleurs morales qu’elles impliquent, servent de fil rouge, ne sont jamais ignorées et ne basculent jamais dans le pathos. Mais c’est avant tout sur le quotidien et sur le vivre-ensemble de ces “Patients“ que les réalisateurs se concentrent. Sur la vraie vie, les routines, les combats communs, les victoires collectives, les trous d’air partagés, les liens tissés, sociaux, amicaux, voire plus si affinités. Et toujours l’humour et la dérision comme pour apaiser les souffrances et relativiser le vécu. Dis comme cela, le scénario aurait pu basculer vers une facilité tragique, ou considérer comme de l'humour déplacé. Mais la justesse de ton, le vécu personnel de Grand Corps Malade, la sobriété de la réalisation qui manie néanmoins de jolis maniements de caméra et de profondeur de champ: les réalisateurs ont choisi une certaine forme de simplicité et beaucoup de franchise pour mettre en scène leur histoire. Ceci explique peut-être les limites dans l’ambition d’en faire un grand film, mais renforce l’impression d’un témoigngage et d’une réelle sincérité. La drôlerie des échanges et de certaines situations bousculent sans gêne et avec beaucoup d’audace nos convenances et nos ignorances. On soulignera cette jolie troupe d’acteurs concernés et sincères, qui donne à ce film une touche supplémentaire de réalisme. “Patients“ s’essouflfe un peu à la fin par une certaine redondance de situations, et on pourra également lui reprocher de suivre le parcours de quelqu’un (le seul) qui progresse dans sa rééducation
(et qui s’en sort)
, ce qui gomme un peu le destin moins heureux de ses co-locataires et en fait un happy-end de choix un peu facile. D’un autre côté, “Patients“ ne peut pas se priver d’une conclusion heureuse et d’une forme de positivisme, qui, maniées avec beaucoup d’humour et de franchise, insufflent beaucoup de fraîcheur et procurent un plaisir non coupable de faire tomber des tabous et bousculer notre convenance maladroite sur le sujet du handicap.